Programmes prévisionnels d’importation : Entre disponibilité et rationalisation
Dans une note datée du 17 août 2021, le MIP – Ministère de l’industrie pharmaceutique a annoncé la période durant laquelle les fabricants et importateurs de médicaments pourront déposer leurs programmes d’importation respectifs. C’est pour la deuxième fois que ce nouveau ministère organise cette programmation de distribution, cette fois pour le compte de l’année 2022.
Celle organisée l’an dernier s’était faite dans la précipitation par une administration qui venait tout juste de s’installer. C’est pourquoi, pour cette fois-ci, l’on s’attend à une régulation plus fine qui devrait tirer bénéfice du système d’information mis en place et qui permettra à chaque opérateur de préciser les quantités requises pour chaque produit. Il en est de même pour le système d’évaluation des stocks pour chaque DCI, un outil qui, sans nul doute, facilitera considérablement la gestion des stocks de médicaments disponibles sur le marché national. Cela étant, l’exercice s’annonce ‘‘ difficile et périlleux ‘‘ pour le Ministre de l’Industrie Pharmaceutique auquel il est demandé de concilier ‘‘disponibilité et rationalisation’’. Pour dire les choses plus clairement,
il lui est demandé de garantir une meilleure disponibilité pour les patients avec une dépense moindre en devises.
Ces deux défis qui sont en soi déjà très délicats devront, qui plus est, être atteints dans un contexte mondial de perturbations des chaînes d’approvisionnement et de volatilité des prix de nombreuses matières premières. A quoi il faut ajouter une agence nationale des produits pharmaceutiques qui peine toujours à se structurer et à s’étoffer faute des moyens humains et matériels lui permettant d’assumer efficacement les missions stratégiques qui lui sont conférées par la loi et qui lui permettent entre autre d’enregistrer les produits fabriqués localement pour les substituerait à l’ importation. Les réalités du terrain ne simplifient pas la tâche du ministre.
L’inexpérience de certains producteurs auxquels sera confiée la ‘‘responsabilité ’’
d’alimenter totalement ou partiellement le marché est un élément important qui risque de perturber la disponibilité en 2022. L’autre élément d’incertitude est celui des laboratoires étrangers qui ne peuvent anticiper leur propre programme d’importation tant qu’ils ne connaissent pas les produits et les quantités que les autorités algériennes comptent réellement autoriser. Il faut dire que,
ces dernières années, plusieurs d’entre eux ont dû, faute de programme, incinérer des milliers de boîtes
dont la production a été anticipée et qui étaient destinées au marché algérien. En définitive, même si la volonté politique est certes toujours là, il faut croire que l’engagement de garantie d’une disponibilité permanente du médicament sera malaisé à tenir sur le terrain. Et au vu de la très haute sensibilité de la production pharmaceutique, il faut espérer que les préoccupations sur la disponibilité des produits (notamment ceux considérés comme ‘essentiels’’ et dont la liste ne paraîtra sans doute pas avant 2022) ne cèdent pas face aux préoccupations budgétaires qui peuvent, elles, cibler d’autres produits superfétatoires.
Sandra Touat