Souhil Meddah:«Le développement de l’industrie pharmaceutique est à la croisée des chemins.»
« Le secteur de l’industrie pharmaceutique est appelé à passer à une étape supérieure. Aujourd’hui la bataille est technologique », a prévenu aujourd’hui Souhil Meddah, expert financier.
Entretien réalisé par: Sandra Touat
37Degres/Comment analysez-vous le marché du médicament en Algérie ?
Souhil Meddah : Le marché de l’industrie pharmaceutique est l’un des marchés les plus dynamiques du point de vue capacité sectorielle, de contribution en produits de substitution ou sous franchise et, également vis-à-vis de sa part du PIB. Il bénéficie aussi des avantages qui sont liés aux couts de mains d’œuvre, de la position géographique. Cette position géographique lui assure de la proximité pour toutes les parties, depuis l’Europe et vers l’Afrique de l’ouest.
Sa capacité de contribution économique se distingue sur trois points. Le premier sur les volumes qu’il dégage en produits locaux qui permettent de livrer des solutions, soit génériques de substitution, ou sur des produits franchisés. Il s’agit également, d’un marché qui fait appel à des intrants extérieurs, avec des taux d’intégration moyens en constante évolution. Dans ce sens, sa part du PIB, se constate des deux côtés, en approvisionnement d’une part, ce qui fait naitre des activités nouvelles et d’autre part, en flux de ventes, sachant que dans les vingt prochaines années, la population algérienne deviendra une population de plus en plus vieillissante et que la demande sur les produits médicaux et paramédicaux va sans doute croitre. Et enfin, le troisième point d’analyse, concerne et de façon pratique, les familles de produits qui sont proposées et qui se limitent uniquement sur les traitements ordinaire, qui ne s’élargissent pas sur des traitements spécifiques, comme l’oncologie, ou qui ne développent pas leurs curseurs de recherche et de développement du savoir.
Le secteur névralgique du médicament est livré depuis des années à des contraintes d’organisation qui entravent son développement. Quelles réformes prévoyez-vous pour mieux réguler les importations tout en veillant à la sécurité sanitaire du pays en termes d’approvisionnements ?
En général, les acteurs du secteur ne sont pas confrontés à des contraintes particulières par rapport aux autres secteurs. Les contraintes constatées, sont généralement d’ordre généralisée et qui impliquent deux volets importants. Le premier concerne, le soutien à l’investissement, surtout vis-à-vis de l’attribution du foncier industriel, sachant que les unités de productions dans le domaine, sont caractérisées par la complexité de leurs installations, des normes auxquelles elles doivent répondre et des superficies nécessaires pour le respects des différents processus et des chaines de valeurs. A ce titre,
Le secteur pharmaceutique, doit bénéficier d’un régime préférentiel et prioritaire de traitement avec un soutien financier qui implique toutes les formes de financement ou de capitalisation, directes ou indirectes
avec ou sans intermédiation. Le deuxième volet, concerne plus l’aspect pratique, avec la gestion logistique pour les exportations, la segmentation des produits sur le marché, avec détermination des quotas, pour les types de produits ou solutions par rapport aux besoins actuels et futurs, et enfin l’actualisation et l’amélioration des clauses règlementaires liées aux exportations, également pour la Banque d’Algérie.
En dépit de l’existence d’un potentiel réel d’exportations, celles-ci restent somme toute des plus marginales. Des mesures concrètes sont-elles prévues pour tenter d’y remédier ?
L’activité d’exportation est un exercice ordinaire, qui se traite dans un espace marchand au même titre que les autres formes de ventes et, elle s’adresse à des marchés autres que le marché local. Les unités de production doivent de ce fait prendre en compte toutes les conditions dans lesquelles elles vont évoluer, les produits qu’elles proposent. Le secteur de l’industrie pharmaceutique national était à la base destiné pour servir des demandes intérieures immédiates et pour anticiper les besoins futurs.
Il est fondamental de ce fait, que les opérateurs misent sur des solutions qui accusent un déficit international par rapport à leur disponibilité et à leurs couts et aux. Cela afin d’élargir le champ marchand en nombre de débouchés et en spécialité du savoir-faire.
L’Algérie va-t-elle ainsi vers la mise en place d’une nouvelle politique nationale du médicament ?
L’écosystème algérien a depuis plusieurs années entrepris une politique d’adaptation et de mise en conformité, notamment dans ce domaine. Ce qui manque, c’est d’abord l’élargissement des gammes de produits ou de familles de produits pour les marchés local ou à l’exportation. Et ensuite, l’amélioration de la qualité, les recherches, le développement du générique avec des aspects qualitatifs et de conformité adaptés et respectés.
SI on évoque le secteur dans tous ses aspects techniques et économiques, quel que soit le rythme avec lequel les choses avancent, la volonté de maintien, d’amélioration et de développement de ce secteur a toujours existait et elle existera toujours.
Mais si on parle de la politique de santé dans son aspect sécurité nationale, cette question ne peut pas se limiter uniquement par rapport l’industrie pharmaceutique, mais peut obligatoirement faire appel à d’autres sources d’approvisionnement depuis l’extérieur.