Pénurie de médicaments en France : 2446 signalements enregistrés en 2020

En France, l’Agence nationale du médicament a reçu 2446 signalements de médicaments essentiels, en rupture de stock ou en tension d’approvisionnement, contre 1504 signalements en 2019. Les médicaments touchés par la pénurie sont nécessaires à la prise en charge de patients atteints de différentes maladies chroniques. Il s’agit notamment des médicaments de traitement de la maladie deParkinson, d’antiépileptiques, d’anti-infectieux, d’antibiotiques et d’anticancéreux.
Pour faire face à ce déficit, les laboratoires ont été sommés depuis le 1er septembre dernier, à travers un décret ; de sécuriser pourdeux mois d’approvisionnementcertains médicaments qui se trouvent régulièrement en rupture de stock.
Depuis l’année 2019, le phénomène des pénuries en médicaments n’a cessé d’accroître pour connaître une ascension encore plus grande durant l’année 2020, alors qu’il y a dix ans, seulement 130 signalements de rupture avaient été enregistrés.
Face à cette situation, il devientdifficile d’obtenir un rendez-vous chez unneurologue pour modifieruntraitement, lorsque les médicaments commencent à manquer, a affirmé la déléguée de l’association France Parkinson en Auvergne-Rhône-Alpes, Christiane Gachet. L’Agence nationale française du médicament dispose désormais de prérogatives pour appliquer des sanctions financières à l’encontre des industriels afin qu’ils signalent davantage les pénuries de médicaments. Certains responsables du secteur du médicament ont expliqué que les pénuries sont dues à des perturbations dans la chaîne d’approvisionnement.
La chargée de mission santé à l’Union fédérale des consommateurs (l’UFC-Que choisir), Lauriane Le Menn, a affirmé que « les industriels fonctionnent en flux tendu, c’est plus avantageuxéconomiquementque de produire sans faire de stocks. Par ailleurs, quand les médicaments sont très rémunérateurs, ils vont être très organisés. Les médicaments anciens, pourtant les plus utilisés, sont le plus souvent en pénurie car ils sont peu chers ».
Concernant l’obligation de constituer des stocks pour une durée de deux mois de certains médicaments touchés régulièrement par les pénuries, Lauriane Le Menn a salué cette décision qui « pourra ouvrir la voie ».
La même responsable a affirmé qu’il fallait un stock de quatre mois au lieu de deux. De son côté, le directeur scientifique de l’organisation professionnelle des entreprises du médicament, Thomas Borel, a fait remarquer que « les pénuries soi-disant organisées par les laboratoires ne doivent pas être considérées comme une cause des tensions. Il y a d’abord un rapport d’offre et de demande, et puis tout ce qui relève de la chaîne de production. La moindre impureté peut vous conduire à détruire un lot de médicaments » a-t-il souligné.
Karim Yahyaoui