Industrie pharmaceutique : l’Algérie à l’heure des défis .

Parce qu’il avait bénéficié de mesures gouvernementales destinées à protéger la production locale de médicaments, le secteur de l’industrie pharmaceutique a réussi à opérer, en à peine dix années, un redressement spectaculaire. Il est aujourd’hui le secteur où l’on investit le plus dans la promotion de nouveaux moyens de production. Les grands groupes pharmaceutiques internationaux sont nombreux à convoiter le marché algérien, non pas pour y écouler leurs produits, mais pour en fabriquer sur place. Farid Bourennani. Expert en ingénierie financière et stratégies nous livre les enjeux du marché et de l’industrie pharmaceutiques en Algérie . Entretien:
–Le Ministre de l’Industrie pharmaceutique a annoncé plusieurs mesures concernant la politique du médicament, L’Algérie va-t-elle ainsi vers la mise en place d’une nouvelle politique nationale du médicament ?
Le Ministère de l’Industrie pharmaceutique et le ministère de la Santé annoncent que le taux de couverture des besoins nationaux en médicaments par la production nationale atteint 78% et que le montant des importations ne cesse de régresser. De 2 milliards USD en 2019, il a atteint 1,8 milliard USD en 2020 et il sera proche de 1,3 milliard USD en 2021. Soit en un an, une baisse de 500 millions USD.
En parallèle, le ministère de l’Industrie pharmaceutique instaure l’obligation pour les multinationales pharmaceutiques présentes en Algérie de générer des devises par un effort d’exportation. Le corolaire de cette nouvelle disposition est de conditionner l’enveloppe devises par multinationale du programme annuel d’importation de médicaments aux résultats des devises générées. De leur côté, les opérateurs pharmaceutiques locaux se voient assigné un objectif de substitution de l’importation par de la production locale. C’est ainsi que de nombreux projets d’unités de production continuent de voir le jour.
-Au-delà de la régulation du marché en lui-même, cette nouvelle politique tend- elle à satisfaire suffisamment les besoins nationaux en produits pharmaceutiques ?
Il semblerait qu’il y ait des tensions voire des ruptures fréquentes de médicaments et la liste continue de s’allonger. Notre industrie locale ne produit que des médicaments jouissant d’une certaine ancienneté et qui sont libre de droits. Les nouveaux médicaments font l’objet de monopoles par les multinationales et sont souvent extrêmement chers. Il est à craindre que pour réduire de façon drastique la valeur des importations de médicaments, l’Algérie fasse l’impasse sur les médicaments de dernières technologies.
-La dévaluation du dinar pénalise grandement les producteurs. Des mécanismes d’ajustement de prix sont-ils envisagés pour les soutenir contre ces distorsions de change ?
Une fois que le prix du médicament fixé à l’occasion de AMM, il est vrai que le renchérissement des intrants importés causé par la dépréciation continue du dinar est dangereuse pour la rentabilité des entreprises locales. Si cette dégradation du dinar se poursuit, il faudra inévitablement un réajustement concerté et causé des prix de vente.
-Quid des perspectives de l’industrie pharmaceutique en Algérie ?
Un grand pas a été réalisé depuis l’avènement du secteur privé, si l’on regarde la situation comparative sur 15 ans. Les multinationales ont été contraintes de se lancer dans la production locale, de nouer des partenariats. Les privés algériens ont été encouragés à produire et à substituer l’importation de médicaments courants. Il demeure que la régulation constitue toujours un point de fragilité et qu’il faudra redéfinir le rôle de la pharmacie centrale des hôpitaux qui n’est pas exempt de déficiences
Sandra Touat