Les pays africains donnent enfin le feu vert à l’agence continentale des médicaments
Les africains font un pas de plus vers un accès plus rapide à des médicaments plus récents et plus surs suite à la ratification cette semaine du traité de l’agence africaine des médicaments (AMA) par 15 pays membres de l’Union Africaine (UA). Bien que l’UA ait adopté le traité portant sur la création de l’AMA en Février 2018, 15 pays africains ont dû notifier officiellement à la commission de l’UA qu’ils avaient ratifié le traité avant que l’agence puisse être mise en place.
Mardi, le Cameroun est devenu le 15ème pays à le faire, poussant finalement l’AMA à franchir le seuil de la réalité. L’UA dispose désormais de 30 jours- jusqu’au 5 Novembre- pour commencer à mettre en place l’agence.
L’AMA vise à aider les pays africains à mieux réglementer les produits médicaux et à harmoniser la réglementation des médicaments à travers le continent. Il testera également de temps en temps des échantillons de médicaments pour éliminer les contrefaçons qui affligent le continent.
Les 14 autres pays à avoir à la fois ratifié l’AMA et « déposé l’instrument de ratification » à l’UA (une lettre du chef de l’Etat l’informant de la ratification) sont :
L’Algérie, le Bénin, le Burkina Faso, le Gabon, la Guinée, le Mali, Maurice, Namibie, Niger, Rwanda, Seychelles, Sierra Leone et Zimbabwe.
Trois autres pays ont ratifié le traité mais n’en ont pas officiellement informé l’UA, tandis que Huit autres ont signé le traité mais ne l’ont pas encore ratifié.
Cela signifie que 36 des 55 pays d’Afrique, principalement des pays francophones, ont exprimé leur soutien à l’AMA.
Cependant, les puissances africaines, l’Ethiopie, le Nigéria et l’Afrique du Sud n’ont pas encore exprimé leur soutien à l’AMA.
La pandémie de COVID-19 a mis en évidence la nécessité pour les pays d’évaluer rapidement les médicaments et les vaccins, une capacité qui manque à un certain nombre de pays africains.
Les centres africains de contrôle et de prévention des maladies (CDC) ont joué un rôle central dans la coordination de la réponse sanitaire à la pandémie sur le continent et ont souligné la valeur d’un acteur continental lors d’une crise sanitaire.
Greg Perry, le directeur général adjoint de la Fédération internationale des associations et fabricants de produits pharmaceutiques (IFPMA) s’est félicité de la ratification de l’AMA, la décrivant comme « un pas de plus vers la création d’une agence de réglementation à l’échelle du continent ».
«Nous attendons avec impatience la mise en œuvre complète de l’AMA, qui changera la donne pour que tous les Africains aient accès à des produits médicaux surs, efficaces et de qualité en temps opportun », a déclaré Perry.
Les sociétés pharmaceutiques se plaignent depuis longtemps de la complexité de l’approbation des médicaments en Afrique et du temps que cela prend, en particulier par rapport à l’Europe qui traient les demandes via une agence européenne des médicaments (EMA).
Perry a ajouté que pour que l’agence devienne pleinement opérationnelle, il était important que l’UA définisse le modèle de financement approprié et s’engage dans l’initiative d’harmonisation de la réglementation des médicaments en Afrique « qui a déjà mis en place des structures de gouvernance solides et des orientations panafricaines pour l’approbation des traitement et vaccins contre la Covid-19 ».
Réduire les barrières à l’entrée sur le marché africain
Andy Gray, maitre de conférences en pharmacologie à l’université de KwaZulu-Natal, a déclaré que le plus grand potentiel de l’AMA réside « dans le domaine de l’harmonisation des systèmes de réglementation, qui devrait réduire les barrières à l’entrée sur le marché en Afrique ».
« L’AMA n’est pas destinée à être un régulateur supranational et ne prendra pas de décisions comme le fait l’EMA, mais elle pourrait aider à rassembler les autorités nationales de réglementation des médicaments, à simplifier les systèmes et à réduire les redondances », a expliqué Gray.
«Cela peut également faire une différence majeure en promouvant la transparence de l’action réglementaire à travers le continent et en montrant comment cela peut conduire à des modèles de réglementation de confiance ». Gray a ajouté que l’AMA pourrait tirer des leçons du CDC Afrique en fournissant
« un leadership visible et crédible »,
En assurant «des résultats pratiques, pas seulement en parlant » et en s’assurant qu’elle soit reconnue dans les forums mondiaux appropriés. Plus tôt cette année, Michel Sidibé, ancien directeur exécutif de l’ONUSIDA et ministre malien de la Santé, a été nommé Envoyé spécial de l’UA pour l’IMA. Il a dirigé les efforts pour s’assurer que les pays ratifient l’agence et pourrait même être en lice pour la diriger.
M.B.