Dr Lyes Akhamouk, membre du comité scientifique : « La fin de la pandémie n’est pas pour demain»
Dans cette interview, Dr Lyes Akhamouk, membre du comité scientifique du suivi de la pandémie de la Covid19 a appelé la population à se faire vacciner et de respecter les mesures barrières. Selon lui, le risque d’une prochaine vague n’est pas écarté d’où la nécessité d’arriver à une immunité collective.
Quelle est votre lecture de la situation épidémiologique ?
La courbe des nouvelles contaminations est au-dessous de 100 cas par jour. La situation épidémiologique se stabilise. Avec cette accalmie, les pouvoirs publics ont décidé la levée totale du confinement sanitaire pour toutes les wilayas.
Cette décision annoncée la semaine passée ne doit pas être synonyme de l’abandon des mesures de protection et de prévention contre le coronavirus. Cette accalmie nous l’avons déjà connue durant le mois de mai 2021 et durant l’été nous avons enregistré une troisième vague qui a été meurtrière. Le citoyen doit comprendre que la levée du confinement sanitaire n’est pas synonyme d’une sortie définitive de la crise sanitaire et en même temps la vie économique et sociale doit reprendre.
Cette mesure permettra aux citoyens de se libérer des répercussions du confinement qui a duré plus de 18 mois. Nous avons gagné une bataille contre ce virus mais pas la guerre, le virus est toujours là , il continue de faire des victimes. Il fait tirer des leçons de ce qui se passe actuellement en Europe de l’est. Ces pays sont confrontés depuis plusieurs mois à une vague épidémique très violente allant jusqu’à 1000 décès en Russie.
La vigilance est toujours de mise. Nous devons tout faire pour éviter le scénario que nous avons vécu durant la troisième vague où les structures de santé ont été dépassées par le nombre de malades sans oublier la pression que nous avons subie sur l’oxygène.
Comment évaluez-vous la campagne de vaccination ?
La population est toujours réticente et le nombre de personne vaccinée est toujours faible puisqu’il ne dépasse pas 11 millions
Il faut profiter de cette stabilité épidémiologique pour vacciner le plus grand nombre de personnes. La vaccination massive va permettre d’atteindre une immunité collective.
Les périodes d’accalmie sont les meilleurs moments pour se faire vacciner. Selon lui, la population n’a aucune raison de refuser le vaccin puisqu’ils sont de qualité. Les pouvoirs publics ont mobilisé tous les moyens pour assurer la disponibilité des vaccins. Avec l’entrée en production du vaccin algérien le marché national les quantités seront abondantes.
Il faut savoir que les pays qui enregistrent actuellement des vagues dévastatrices n’ont pas un taux important de personnes vaccinées. La crainte c’est de voir le même scénario en Algérie en cas de la survenue d’une quatrième vague. En tant que chef d’une unité Covid j’ai constaté que presque la totalité des malades hospitalisés n’ont pas reçu leur vaccin
Faut-il relancer les campagnes de sensibilisation et d’information ?
Oui, c’est même une urgence… Il faut dire à la population que le risque d’une quatrième vague est exclu si on continue de refuser la vaccination et d’ignorer les mesures barrières notamment le port de masque. C’est le moment pour les médias d’organiser des tables rondes autours des questions liées à la vaccination et mettre un terme à toutes ces fausses informations qui circulent sur les réseaux sociaux.
Les vaccins ont prouvé leur efficacité dans le monde entier donc il n’y a aucune raison de les refuser et il faut comprendre que la fin de la pandémie n’est pas pour demain.
Entretien réalisé par Fatma HadjOukari