Alijandro Alvarez :Mettre fin à la stigmatisation des personnes vivant avec le VIH est un long chemin à parcourir
Le débat s’intensifie sur la meilleure manière d’éliminer le stigmate attaché au SIDA et la discrimination qui en résulte au sein des milieux internationaux de la santé, alors que les experts tentent d’éradiquer ces obstacles rebelles à la prévention et au traitement du VIH/SIDA. Si l’on reconnaît de plus en plus que les programmes de lutte contre le VIH/SIDA doivent s’attaquer de front à ces questions, les chercheurs n’ont toujours pas trouvé de méthode efficace qui permette d’assurer le suivi des changements d’attitudes à l’égard des personnes affectées. Le Coordinateur Résident des Nations unies en Algérie, Alejandro Alvarez, revient dans cet entretien sur la situation en Algérie .
Entretien réalisé par: Fatma HadjOukari
La célébration de la journée mondiale de lutte contre le sida cette année intervient dans un contexte marqué par la pandémie de la Covid19, y-a-il un impact sur la prise en charge des malades?
La Journée mondiale du sida est l’occasion de rappeler qu’il est urgent d’éradiquer les inégalités qui alimentent
L’épidémie de sida ainsi que d’autres pandémies dans le monde. Cette journée est une occasion de voir les progrès réalisés par ces pays et les défis qui attendent les pouvoirs publics. La crise sanitaire à freiner le programme de riposte de plusieurs pays pas uniquement du sida mais dans les domaines. La COVID-19 est venue nous rappeler brutalement que les inégalités en matière de santé touchent chacun et chacune d’entre nous. En effet, sans actions audacieuses contre les inégalités, le monde risque de manquer les cibles pour mettre fin au sida, d’ici 2030. Malgré les grands progrès réalisés, la crise liée au sida reste d’actualité. Encore 1,5 million de personnes sont infectées
par le VIH chaque année, et quelque 680.000 en meurent et les inégalités font que celles et ceux qui sont les moins capables de défendre leurs droits demeurent les plus touchés. On est très loin d’atteindre les objectifs de lutter contre la maladie à horizon 2030.
Donc la lutte contre le sida est affaire d’Etat?
Pour venir à bout du sida, il faut renforcer le travail intersectoriel. La résilience face aux pandémies de demain nécessite des actions collectives. A cela s’ajoute le travail colossal des associations engagées dans cette lutte qui sont au chevet des malades notamment durant la pandémie du Covid-19. Nous savons que, pour mettre fin au Sida et vaincre la Covid-19, nous devons éliminer la stigmatisation et la discrimination, placer l’être humain au cœur de notre action et prendre des mesures axées sur les droits humains en tenant en compte des questions de genre.
Les personnes vivant avec le VIH sont victimes de stigmatisation, que faut-il faire ?
Vivre avec le VIH n’est pas une chose facile pour ces malades qui vivent une stigmatisation structurelle malgré les progrès qui ont été fait en matière de politique de lutte L’accès aux soins ne devrait pas dépendre du niveau de richesses des uns ou des autres. Il est vrai que les budgets consacrés à la riposte ne sont pas suffisants. Lutter contre la stigmatisation commence par le changement de mentalité au sein de la société et même parmi les professionnels de la santé. Aujourd’hui, l’engagement de mettre fin au sida à horizon 2030 est en retard. Ce retard n’est pas imputable à un manque de connaissances ou d’outils pour vaincre le sida, mais à des inégalités structurelles qui entravent les solutions efficaces de prévention et de traitement du VIH. Mettre fin à la stigmatisation des personnes vivant avec le VIH est un long chemin à parcourir.
Comment voyez-vous le plan de riposte au sida en Algérie ?
Il faut dire que l’Algérie a fourni beaucoup d’efforts en termes de lutte et nous avons constaté un certain nombre de progrès par rapport à plusieurs pays du monde.
Comme le reste du monde, l’Algérie célèbre cette journée mondiale du SIDA dans un contexte difficile en s’engageant au même titre que la communauté mondiale à œuvrer pour la continuité des services lies VIH et de mettre fin aux inégalités comme
le témoigne le slogan retenu par le Ministère de la Santé : Sans Préjugés, sans Discrimination pour Mettre Fin au SIDA.
En Algérie, I ‘engagement politique et financier est considérable de l’Etat et les efforts de tous les acteurs et des partenaires internationaux en matière de riposte au sida, a permis l’enregistrement de progrès notamment en matière d’accès au traitement antirétroviral (ARV). Les données de ONUSIDA montrent qu’en 2020, 85%% des personnes vivant avec le VIH connaissent leur statut sérologique accès au traitement.
Toutefois à l’instar des autres pays, certains progrès restent long comme le taux faible (<50%) des personnes vivant avec le VIH qui ont une charge virale supprimée , et le taux de 34 % des femmes enceintes vivant avec le VIH qui ont reçu un traitement ARV pour prévenir la transmission mère-enfant.
Il est important de noter que l’amélioration de l’accès au traitement a contribué fortement à la réduction du nombre de décès en Algérie de 10 % depuis 2010. Le taux de prévalence du VIH dans la population générale reste faible et inférieur à 0.1%, toutefois cette faible prévalence cache des disparités disproportionnées chez les populations les plus exposées et vulnérables au VIH.
Votre dernier mot
Je voudrais dire que le Système des Nations Unies et les différentes agences onusiennes sont impliquées conjointement pour appuyer la riposte nationale de l’Algérie. Je voudrais réaffirmer notre engagement à fournir l’appui technique nécessaire pour les domaines prioritaires de la riposte.