A quelque chose malheur est bon
Ce titre peut paraitre désuet aux yeux de certains mais il l’est beaucoup moins que l’état actuel de la prise en charge du malade dans notre pays . En nous référant a ce vieil adage toujours d’actualité et on ne peut plus significatif , saura t-on utiliser a bon escient toutes les données collectées durant la pandémie et tirer profit de toutes les malheureuses expériences vécues ou bien faire fi de toute cette masse d’informations en jetant aux oubliettes ce douloureux intermède une fois que cette maladie aura cessé d’être aussi virulente qu’elle l’est actuellement.
La médecine a toujours été classée comme une science empirique qui se nourrit et s’enrichit des diverses expériences menées sur le terrain. Et c’est à ce titre qu’il est impérieux d’exploiter ces données afin de mieux appréhender le futur. En effet la médecine fondée sur les faits ou médecine fondée sur les données se définit comme l’utilisation consciencieuse explicite et judicieuse des meilleures données possibles pour la prise de décision concernant les soins prodigués a chaque patient.
Dans notre cas c’est la prise de décision concernant les soins à donner aux malades au cas où le virus du COVID 19 ferait encore des siennes. Ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres affections qui touchent les gens, on l’a choisi car il occupe pour l’heure une grande partie des préoccupations de la communauté scientifique. La théorie ne pouvant éclairer la pratique il faudra se contenter de suivre ce que l’empirisme nous a donné.
D’ailleurs, la médecine que nous appelons « moderne » ou « conventionnelle »s’appuie sur des traitements qui ont obtenu une validation scientifique soit par des essais cliniques soit parce qu’ils bénéficient d’un consensus obtenu avec l’accord et l’expérience de la majorité des praticiens.
On peut dire sans se tromper que la médecine tire sa force du vécu et de l’empirisme .Certains ont d’ailleurs compris ce concept en faisant appel a l’informatique et les statistiques afin d’avoir une meilleure maitrise quant à la prise en charge du malade. En ce qui nous concerne, a-t-on suffisamment de données pour pouvoir entamer de tels travaux. L’institut national de santé publique est censé emmagasiner ces données transmises par les chercheurs.
Beaucoup de questions nous viennent alors à l’esprit :
Primo : Les initiateurs de travaux pareils ont-ils transmis leurs résultats a l’INSP (institut national de santé publique) ?
Secundo : ces chiffres ont-ils été soigneusement archivés pour être exploités? Ces questions méritent d’être posées car les Egos des uns et des autres ont pris, depuis un certain temps, le pas sur les considérations scientifiques. Lors des congrès et des réunions scientifiques, beaucoup de chiffres sont avancés par les spécialistes qui pourraient s’avérer d’une importance capitale pour la résolution de certains problèmes liés aux affections étudiées.
Mais ont-ils été pris en compte ? On est en droit d’en douter car dans la plupart des cas, on ne les retrouve nulle part d’autant plus qu’on ne constate aucun progrès dans la prise en charge de ces affections en dépit des recommandations faites par les spécialistes.
On a déjà abordé ce problème dans un article précèdent en se rendant compte que les statistiques sont le parent pauvre de la médecine. Beaucoup d’interférences extra médicales viennent entraver la collecte de tels renseignements. Dans les pays dits développés, le statisticien est un membre a part entière du personnel hospitalier. Il collecte toutes les données qu’on lui transmet pour faire avancer les recherches.
Ce qu’il faut comprendre c’est que ces données une fois accumulées et traitées par des spécialistes de l’informatique et des statistiques peuvent faire avancer les choses d’une manière exponentielle. « L’ordinateur a une très bonne mémoire contrairement a l’être humain qui oublie très vite». Chez nous on se comporte à la limite comme les gardiens exclusifs des valeurs en oubliant de léguer ce trésor aux générations futures.
Dr Djamel Eddine Selhab.