Autisme: la pluridisciplinarité, condition sine qua non d’une bonne prise en charge
La prise en charge de l’enfant autiste est une entreprise multidisciplinaire nécessitant la conjugaison des efforts de nombre de spécialistes, a affirmé une pédopsychiatre membre de l’association Echourouk d’aide aux enfants autistes à Aïn-Defla. « Pour que la prise en charge des enfants autistes soit efficiente, il est absolument nécessaire qu’elle soit pluridisciplinaire, impliquant à la fois, le pédopsychiatre, le pédiatre, le psychologue, l’éducateur et l’orthophoniste », a précisé à Dr Haci Shahrazed.
Observant que l’autiste n’est pas un malade au sens conventionnel du terme mais un être « différent » des autres, elle a, à ce sujet, recommandé aux parents de prêter attention au développement de leurs enfants et de consulter un spécialiste en cas de troubles du comportement ou du langage.
« On ne le dira jamais assez : si le dépistage et le diagnostic sont établis avant l’âge de 3 ans, l’enfant peut échapper au retard mental », a-t-elle affirmé, observant que la finalité de cette démarche est de permettre un meilleure apprentissage à cette frange et sa plus grande intégration au sein de la société à l’âge adulte.
Soulignant le rôle des parents dans le décèlement de la maladie, elle les a exhortés à faire preuve de patience, de volonté et de courage pour mener à bien leur mission à l’égard de leur enfant.
« Avoir un enfant victime de ce trouble complexe inhérent au neuro développement n’est guère chose aisée, car il requière patience, volonté et courage », a insisté cette spécialiste ayant exercé par le passé à l’hôpital psychiatrique Drid-Hocine (Alger), mettant l’accent sur le fait que les premiers signes de l’autisme doivent être décelés « à temps « .
Un manque de professionnels et de structures
Créée depuis 7 ans, l’association Echourouk d’aide aux enfants autistes de Aïn-Defla s’emploie à atténuer, un tant soit peu, des souffrances de cette frange et de leurs parents en matière de prise en charge de ce trouble, butant toutefois sur le manque de professionnels et de structures pouvant prendre en charge de manière convenable cette frange de malades.
Quelques 75 enfants atteints d’autisme sont pris en charge par l’association Echourouk d’aide aux enfants autistes à Aïn-Defla, un chiffre qui aurait pu « tripler » si les moyens en matière de locaux et d’encadrement étaient meilleurs, selon le président de ce groupement de personnes volontaires.
« Notre association prend en charge 75 enfants atteints d’autisme, un chiffre qui aurait pu facilement tripler si le nombre de professionnels et de structures pouvant prendre en charge de manière convenable cette frange de malades avait été plus important « , confie le président de ce groupement de personnes volontaires, Mustapha Zitouni.
Il a, dans ce contexte, noté que la faiblesse des moyens en matière de locaux et d’encadrement a contraint 120 pères de familles à ne ramener leur progéniture vers le centre pour les enfants atteints d’autisme qu’une fois par semaine, observant que cet état de fait ne permet pas une prise en charge efficiente des enfants.
« Quelque 120 pères de familles dont les enfants issus des 36 communes de la wilaya sont depuis peu de temps atteints d’autisme ne les ramènent qu’une par semaine vers le centre, une situation qui ne permet nullement une prise en charge efficiente des enfants, sachant qu’ils n’y passent qu’à peine quatre heures », a-t-il déploré.
Pour atténuer des difficultés auxquelles sont confrontés les enfants autistes, il a mis l’accent sur la nécessité de mettre en place des annexes de l’actuel centre notamment à El Attaf (ouest de la wilaya) et Khémis Miliana (est de la wilaya), faisant état d’une pétition envoyée au wali de Aïn Defla par 40 pères d’enfants autistes résidant à El Attaf, l’exhortant à améliorer leur prise en charge.
« Les spécialistes insistent pour que le diagnostic précoce des troubles de l’autisme se fasse à partir de l’âge de 2 ans afin de tenter de de maîtriser cet handicap mental très grave, d’où la nécessité de renforcer l’actuel centre implanté au niveau du chef-lieu de wilaya par des annexes notamment à El Attaf et Khémis Miliana », a préconisé M.Zitouni, lui-même père de deux enfants autistes.
L’autre « écueil » auquel fait face l’association Echourouk a trait aux préjugés de la société par rapport à cette maladie jugée « taboue ».
« A cause des préjugés et de la vision de la société, nombre de familles, particulièrement en milieu rural, préfèrent taire le trouble dont sont victimes leurs enfants », a-t-il fait remarquer, observant que cet état de fait rend « difficile » l’établissement des statistiques au sujet du nombre d’enfants autistes sur le territoire de la wilaya