L’industrie pharmaceutique en Afrique : entre défis et opportunités
Le président de l’Union nationale des opérateurs pharmaceutique (UNOP), le Dr Abdelwahab Kerrar, intervenant à l’occasion du salon « El Djazaïr Healthcare », organisé au Sénégal du 17 au 20 mai 2022, a détaillé les défis et ambitions de l’industrie pharmaceutique en Afrique, tout en mettant en avant l’expérience de l’Algérie dans ce domaine.
Il a entamé sa présentation par la situation sanitaire qui prévaut sur le continent africain, affirmant que l’Afrique fait face depuis des décennies à des carences en matière de la prise en charge sanitaire et de la disponibilité de médicaments.
Évoquant les chiffres de l’OMS, le Dr Kerrar a indiqué que l’Afrique fabrique moins de 2% de médicaments consommés sur le continent et ne bénéficie que de 1,3 % des ressources financières mondiales consacrées à la santé.
Concernant le marché pharmaceutique en Afrique, le président de l’UNOP a indiqué que « l’Afrique reste un continent avec des disparités importantes comparativement aux grandes nations telles que les USA, Allemagne, Japon, Chine, Brésil. À cet effet, les ventes pharmaceutiques par habitant en Afrique sont 6 fois inférieures par rapport à la moyenne mondiale ».
S’agissant de la production locale, il a assuré que la croissance du marché pharmaceutique africain est tirée par les génériques, qui représentent aujourd’hui ~40% des ventes totales. Néanmoins le marché africain du générique reste sous-pénétré comparativement à certains pays comme l’Inde et le Chine où la part de marché du générique représente respectivement 76% et 63%.
Il a souligné que le marché africain reste très concentré autour des 10 premiers pays, représentant environ 75 % de la taille totale du marché. « Il est à noter que le top 5 est représenté par l’Algérie, l’Afrique du Sud, l’Egypte, le Nigéria et le Maroc, qui représentent à eux seuls 60% de PDM (demande du marché pharmaceutique) », a-t-il déclaré.
Il a affirmé aussi que les principaux marchés du continent continueront de stimuler la croissance du marché attendue à ~5 % par an. De 2020 à 2024 (Algérie +6%, Afrique du Sud +7%, Egypte +7%, Nigeria +12% et Maroc +5%).
Évoquant la contribution par pays à la croissance du marché pharmaceutique africain, le Dr Kerrar a affirmé que « si l’on considère la croissance pondérée que 05 années (2019-2024), 03 Pays contribuent principalement à la croissance du marché Africain, à savoir : En pole position l’Egypte avec 52,4%, suivie par l’Afrique du Sud avec 14,1% et l’Algérie 12,4% ».
Les génériques représentent 70% de la production pharmaceutique de l’Afrique
Le Dr Kerrar a affirmé que l’Afrique dispose d’un marché marginal en proie à la contrefaçon. « L’OMS déclare que 42% de tous les faux médicaments qui lui ont été signalés entre 2013 et 2017 provenaient d’Afrique où la faiblesse des systèmes de santé et la pauvreté ont favorisé, plus qu’ailleurs, l’émergence d’un marché parallèle », a-t-il affirmé.
Pour remédier à cette situation, l’intervenant a appelé à « encourager la fabrication locale de génériques qui permettront un meilleur accès aux soins avec des prix à la portée du citoyen africain ».
Il a fait savoir dans ce cadre que 70% de la production pharmaceutique africaine est composée de génériques majoritairement fabriqués par des industriels locaux.
Mettant en avant l’exemple de l’Algérie, le Dr Kerrar a indiqué que la production locale couvre à plus de 62% les besoins nationaux.
« L’Algérie arrive à couvrir certaines aires thérapeutiques à plus de 80% tels que l’appareil CVS, locomoteur, Agents de diagnostics, Antiparasitaires…sans parler des AOD qui sont fabriqués à 100% localement ou les produits du SNC qui sont fabriqués à près de 80% », a-t-il détaillé.
Toujours à propos de l’Algérie, il a affirmé que les dépenses de santé soutenues par un système de remboursement à près de 80%.
Concernant la lutte contre la pandémie du coronavirus, il a affirmé que « l’Algérie, grâce à l’engagement et l’expertise de ses opérateurs pharmaceutiques, a fabriqué la majorité des médicaments rentrant dans le protocole de traitement de la Covid 19, sans compter la fabrication locale des tests antigéniques, des masques de protection, gels hydro alcooliques et vaccins ».
Le Dr Kerrar a enfin cité les mesures prises par les autorités en faveur de la production locale en Algérie. Il s’agit de l’enregistrement à la fabrication locale, Incitations fiscales et parafiscales, interdiction à l’importation et la majoration dans le remboursement par les caisses de Sécurité Sociale pour les produits génériques et/ou produits fabriqués localement.
Karim Yahyaoui