Dr Kerrar : « L’industrie pharmaceutique réalise des taux de croissance à deux chiffres »
Dans une allocution lors d’une conférence nationale intitulée « Souveraineté sanitaire, souveraineté pharmaceutique », à l’occasion du 60e anniversaire de l’indépendance, le président de l’UNOP, le Dr Abdelouahed Kerrar, a mis en avant les différentes étapes parcourues par l’industrie pharmaceutique nationale au cours de ces dernières décennies.
Il a souligné la performance enregistrée par cette filière qui est, selon lui, « l’une des plus dynamiques » de l’économie nationale, qui « réalise des taux de croissance à deux chiffres ».
« Le secteur pharmaceutique est reconnu comme l’un des plus dynamiques et des plus performants de toute l’industrie algérienne. C’est l’une des rares activités au sein de notre économie qui est arrivée à réaliser des taux de croissance à deux chiffres au cours des quinze dernières années ».
Il a affirmé que, contrairement à d’autres secteurs, l’industrie pharmaceutique nationale, dont la production a enregistré une montée en puissance, a pu gagner des parts de marché par rapport à l’importation et qui a vu ses prix tirés fortement à la baisse.
« Les fabricants locaux, qui ont petit à petit appris à appréhender les prix de leurs produits, ont su rationaliser progressivement leurs coûts de revient et ont même fini par amener les fournisseurs traditionnels à réviser à la baisse leurs propres prix », a-t-il déclaré.
Le Dr Kerrar a indiqué que selon une étude comparative rigoureuse des niveaux de prix pratiqués dans les pays du benchmark, il a été démontré clairement que l’Algérie figure comme le pays pratiquant les prix les plus bas, et cela dans la grande majorité des classes thérapeutiques.
Le président de l’UNOP a dénoncé l’image que certaines parties ont développée et collée au secteur.
« Nous sommes très souvent frappés que l’on renvoie quelquefois de notre métier une image noire, largement préfabriquée, à base de prix du médicament incontrôlés ou excessifs, de sociétés pharmaceutiques nationales qui font des surprofits, de pénuries entretenues, d’un supposé lobby pharmaceutique national acquis aux intérêts étrangers, d’une fabrication qui se résume à du conditionnement, de la qualité des produits fabriqués localement ou encore de surfacturation », a-t-il déclaré.
« La réalité est que notre industrie est l’une des rares à être totalement transparente, à échapper aux griffes de l’informel et à payer annuellement plusieurs milliards d’impôts, à réguler l’importation au profit de la production depuis près de 14 ans ».
Le Dr Kerrar a estimé que l’ouverture de l’activité pharmaceutique aux investisseurs privés algériens en 1990, aura été le tournant majeur dans la politique pharmaceutique nationale.
Il a affirmé dans ce cadre qu’au « début des années 1990, la production locale couvrait moins de 10% des besoins du marché interne, elle en couvre près des deux tiers aujourd’hui ».
Le président de l’UNOP a affirmé, dans ce sillage, que l’autre axe fondateur de la politique pharmaceutique publique aura été posé en 2008, avec la décision prise par les pouvoirs publics de garantir une protection des fabricants nationaux, en fermant la porte aux importations des produits pharmaceutiques fabriqués localement.
Dans un autre registre, le Dr Kerrar a affirmé que l’industrie pharmaceutique nationale doit relever plusieurs défis. « Il s’agit de poursuivre sur la même lancée les efforts entrepris jusque-là et continuer à améliorer en permanence la qualité de notre production et à élargir le champ des savoir-faire que nous sommes en capacité de maitriser », a-t-il indiqué.
Pour relever ce défi, le président de l’UNOP a indiqué qu’il faut rationaliser « nos propres systèmes de production et sortir notre fabrication du seul espace privilégié que constitue le marché interne, pour la confronter à une autre forme de concurrence, celle des marchés internationaux ».
Concernant les propriétés du secteur, l’intervenant cite des performances du processus d’enregistrement des nouveaux produits destinés à la fabrication locale.
Et d’ajouter : « Elles touchent également aux pratiques nouvelles de dumping sur des produits d’oncologie, de la part de laboratoires, champions de la compliance, qui avaient pied sur notre marché et qui, subitement, divisent leur prix par quatre, afin de casser la production locale en cours d’émergence ».
Le Dr Kerrar a indiqué, enfin, qu’il y a un intérêt grandissant des autorités politiques et économiques pour l’industrie pharmaceutique nationale comme en témoigne la création d’un département ministériel qui lui est spécialement dédié à cette activité.
Karim Yahyaoui