Hongrie: Le système de santé se dégrade à cause de départ de médecins

Au cours de la dernière décennie, quelque 8 500 professionnels de la santé sont partis vers d’autres pays européens. Aujourd’hui, la Hongrie a l’un des ratios de médecins par habitant les plus bas de l’UE. Malgré les efforts du gouvernement, les médecins hongrois quittent le pays pour un meilleur salaire et des conditions de travail plus acceptables en Europe occidentale, laissant le système de santé du pays faire face à des établissements en sous-effectif et à des périodes d’attente plus longues.
Plus de 800 médecins hongrois ont demandé un certificat pour exercer à l’extérieur du pays l’année dernière, selon les chiffres officiels, portant le nombre total délivré au cours de la dernière décennie à 8 500. Cela pourrait conduire à une situation désastreuse dans un pays qui compte un peu plus de 33 000 médecins pour une population de 9,7 millions, soit environ 3,5 médecins pour 1 000 habitants, ce qui est inférieur à la moyenne de 3,9 pour l’UE.
Pourtant, selon les données d’une compagnie d’assurance maladie, environ 40 000 personnes faisaient la queue en mars 2023 pour des interventions chirurgicales, et les temps d’attente avaient atteint des sommets historiques.
Ce problème de personnel a été révélé avec des conséquences dramatiques lors de la pandémie de COVID-19, lorsque les hôpitaux hongrois ont enregistré le deuxième plus grand nombre de décès en Europe pour 100 000 habitants. En 2022, les départements des hôpitaux hongrois ont été fermés pour un total de plus de 46 000 jours. Un peu plus d’un tiers de ces jours (15 000) ont été imputés au manque de personnel, et 8 % (3 729 jours) au manque de produits de première nécessité.
Pour la Direction générale nationale des hôpitaux (OKFŐ), le pays ne connaît toutefois pas « d’émigration systémique » de ses professionnels de santé.
En 2020, le gouvernement, dirigé par le Premier ministre nationaliste Viktor Orbán, n’a dépensé que 7,3 % du PIB pour les soins de santé, contre 10,9 % en moyenne dans l’UE. L’État a mis en place une augmentation de salaire de 11% pour les professionnels de la santé en février 2023, ce qui signifie que les médecins tout juste sortis de l’université reçoivent un salaire brut de 1 800 € par mois.
Comme la rémunération dans le secteur privé est plus attrayante que dans les hôpitaux publics, l’écart entre le public et le privé se creuse, et seule une partie relativement faible de la population peut accéder aux soins de santé privés. La majorité est donc aux prises avec des professionnels débordés, des unités qui ferment, des murs qui s’effondrent et des temps d’attente record.