HUPP PHARMA refuse de rappeler ses produits non conformes
1/ Quel état des lieux faites-vous du secteur de la distribution des produits pharmaceutiques dans notre pays?
Mr. Benberou Vice président de l’Association des distributeurs pharmaceutiques algériens (ADPHA) : Avec plus de deux cents (200) acteurs intervenant au stade grossiste couvrant l’intégralité du territoire national, le secteur de la distribution pharmaceutique est un des plus performants et des plus compétitifs au sein du réseau commercial algérien. Etant par ailleurs un secteur sensible dans la mesure où il touche à des produits destinés à la santé humaine, il se trouve être également un des mieux structurés et des mieux encadrés.
Il faut savoir que, dans son fonctionnement au quotidien, il est soumis à des normes de bonnes pratiques de distribution, qu’il s’agisse de la qualité de ses installations, des modalités de transport et d’acheminement de ses produits, de la traçabilité des flux des produits pharmaceutiques. En termes de prix, la réglementation y est extrêmement encadrée et étroitement surveillée, à l’importation, à la production et à la distribution en gros comme en détail. Ainsi, et à l’inverse de ce que l’on constate pour d’autres produits du commerce, les pratiques informelles y sont absentes ou quasiment insignifiantes.
Il faut dire aussi que le nouveau cadre réglementaire en la matière, adopté au cours des trois dernières années, a contribué à fluidifier davantage les circuits de distribution.
Aujourd’hui, nos distributeurs sont en mesure de servir les commandes de nos officines pharmaceutiques dans l’immense territoire national.
2/ Quelles sont les difficultés vécues par les distributeurs sur le terrain ?
Mr. Benberou : En dépit des progrès reconnus par ailleurs, il est vrai que, sur le terrain, subsistent quelques difficultés qui font l’objet de nos doléances auprès des autorités compétentes.
Les contraintes liées à la gestion des psychotropes sont souvent relayées par la presse nationale, en particulier dans leur volet sécuritaire et des menaces pesant sur les pharmaciens. La réglementation en la matière, a certes évolué, mais son application sur le terrain reste toujours problématique.
Sur un autre volet, les contraintes sévères liées à l’interprétation de la nouvelle loi sur la spéculation nous imposent de libérer les produits en moins de 48 heures, ce qui est impossible au vu de l’immensité de notre pays et qui ne manque pas de pénaliser les officines des régions frontalières et celle des autres zones les plus reculées.
Enfin, il y a les problèmes récurrents des produits pharmaceutiques en situation de rupture d’approvisionnement. Ces problèmes, qui sont bien connus, ne sont pas sans générer de l’insatisfaction au niveau de nos clients, elle-même confrontée à la grogne de nos concitoyens.
3/ Le ministère de l’industrie pharmaceutique a décidé le retrait provisoire de l’agrément du laboratoire HUPP PHARMA. Quel impact selon vous ce retrait engendrera sur le marché
Mr. Benberou : Le Ministère de l’Industrie et de la Production Pharmaceutique a décidé le 24 Août 2023 d’une fermeture provisoire du laboratoire HUPP PHARMA pour violation de bonnes pratiques de fabrication.
En tant que distributeurs, nous n’avons aucun avis ou commentaire quant à cette décision. Nous nous approvisionnons chez tous les établissements pharmaceutiques agrées par nos autorités.
Le retrait provisoire ou définitif de l’agrément conduit automatiquement à un arrêt immédiat de tout approvisionnement jusqu’à la réouverture de l’établissement pharmaceutique.
Il y’a plus de 200 unités de production en Algérie qui ont souvent des produits en commun avec des capacités de production excédentaires.
Nous ne pensons pas que cette fermeture puisse impacter la disponibilité des produits pharmaceutiques sur le marché. Dans ce cas précis nous rencontrons d’autres difficultés liées aux rappel des produits.
4/ Quelles sont ces difficultés ?
Mr. Benberou : L’Agence Nationale des produits pharmaceutiques a demandé le retrait de tous les lots de produits pharmaceutiques fabriqués par l’établissement HUPP PHARMA en date du 27 Août 2023 et ce pour « non-conformité aux bonnes pratiques de fabrication, y compris de contrôle qualité de de libération de lots »
Il faut rappeler ici que le rappel de lots de produits mis sur le marché fait l’objet de procédures très précises qui sont détaillées par des textes réglementaires. Plus sommairement, ces procédures font obligation aux fabricants de reprendre l’intégralité de leurs produits, dès lors que l’autorité aura établi que leur production ne s’est pas faite dans le respect des bonnes pratiques de fabrication.
Dans le cas qui nous concerne, la société HUPP Pharma ayant vu son agrément retiré et l’ANPP ayant appelé au retrait de ses produits en circulation au niveau du marché, les distributeurs ont entamé les procédures les concernant et ont tenté de retourner les stocks disponibles à leur niveau, sauf que le fabricant refuse, jusqu’à présent, de les reprendre. Ainsi, ces mêmes distributeurs se retrouvent eux-mêmes dans l’incapacité de prendre en charge les stocks en circulation au niveau des officines à travers tout le territoire national. Avec le risque que des concitoyens mal informés en viennent à consommer des produits potentiellement nocifs pour leur santé.
Cette situation qui échappe à la volonté et au contrôle des distributeurs grève lourdement la gestion de nos espaces de stockage et de notre trésorerie.
Chez seulement 23 de nos adhérents, plus de 4 millions de boites sont en souffrance au niveau de nos stocks pour un montant qui avoisine les 1.2 Milliard de dinars. Si nous ajoutons les stocks que la réglementation nous oblige à rappeler chez nos clients, vous comprendrez aisément que ni nos espaces ni notre trésorerie ne le permettront.
C’est pourquoi nous avons bon espoir que les autorités concernées interviennent rapidement et qu’elles utilisent les moyens à leur disposition pour amener chaque partie concernée à assumer ses responsabilités légales et réglementaires.
S.T