Renforcement de la coordination avec la « PCH » : Un impératif pour la disponibilité des médicaments

Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a donné des instructions lors du Conseil des ministres de dimanche dernier visant à assurer la disponibilité des médicaments et éviter les pénuries. Les acteurs du secteur pharmaceutique ont réagi et salué les orientations du chef de l’Etat, tout en soulignant la volonté des autorités à régler ce problème.

Le Dr Abdelouahed Kerrar, président de l’Union nationale des opérateurs de la pharmacie (UNOP), a indiqué que « la santé a été toujours au centre des préoccupations des autorités et l’Algérie dépense 6% de son PIB pour ce secteur ».
Il a fait savoir qu’un comité regroupant le ministère de la santé, la PCH et l’UNOP ont été mises en place pour se pencher sur le sujet des pénuries et des perturbations dans l’approvisionnement.
« La PCH se plaint du fait que les producteurs n’ont pas tenu leur engagement de livrer leurs produits, ce qui a conduit à des perturbations dans la disponibilité des les structures sanitaires ».
Il a affirmé que l’UNOP effectuera un travail de fond et de coordination avec ses adhérents et essayera de comprendre les causes qui ont conduit à ces ruptures.
Le Dr Kerrar a estimé que « le cahier des charges de la PCH doit absolument être révisé surtout en ce qui concerne certaines clauses qui ne sont pas adaptées à une bonne disponibilité pharmaceutique ».
« Nous sommes pour l’ouverture d’une fenêtre à l’importation, car nous ne pouvons pas mettre tout un pays et l’ensemble des Algériens aux mains d’un seul producteur qui peut avoir des aléas dans sa production ou avoir un lot non-conformes…etc », a-t-il indiqué.
Le président de l’UNOP plaide aussi pour la mise en place des mesures d’achat d’urgence lorsqu’il y a des perturbations. « La PCH doit avoir une procédure d’urgence d’achat lors des perturbations au niveau mondial ou des perturbations locales », a-t-il indiqué.
Plaidant pour la flexibilité des textes réglementaires, le Dr Kerrar a indiqué qu’il est possible de concilier deux objectifs louables, à savoir : protéger la production locale et de l’encourager mais aussi de rendre disponibles les produits pharmaceutiques durant tout l’année et changer le cadre réglementaire.

Le président de l’Association nationale des pharmaciens algériens (ANPHA), Mouad Tabaïnet, a souligné, pour sa part, l’impératif de coordonner avec la PCH pour lutter contre les pénuries de médicaments.
Il a affirmé, dans une déclaration au journal « El Moudjahid », que son association a proposé de mettre en œuvre une collaboration avec la PCH dans le but d’améliorer la professionnalisation et la modernisation de cette dernière en faveur de la sécurité d’approvisionnement.
«La modernisation et la réorganisation de la Pharmacie centrale des hôpitaux doit aujourd’hui répondre aux exigences mondiales en matière d’approvisionnement de produits pharmaceutiques, pour augmenter sa compétitivité », a-t-il déclaré.
Insistant sur le fait que la modernisation de cette structure permettra de gagner en performance, le président de l’ANPHA a indiqué que les réformes budgétaires initiées par l’État imposent aux établissements de santé de suivre les dernières orientations du budget programme.
« La PCH, en tant que maillon crucial de la distribution des produits pharmaceutiques, doit également aligner ses pratiques sur ces directives », a-t-il ajouté.
Il a plaidé aussi pour la mise en place par la PCH d’un système de veille stratégique performant

Le Professeur Nebchi El Mansouria, présidente de la Société Algérienne de Pharmacie Hospitalière et Oncologique, a salué les directives du président de la République sur la disponibilité des médicaments.
L’intervenante a souligné aussi la nécessité d’assurer la disponibilité des dispositifs médicaux « qui sont importants dans les structures hospitalières et qui sont presque souvent en rupture ».
Elle a précisé que la pénurie touche notamment les médicaments du système nerveux, du tube digestif, les anti-infectieux et des anticancéreux.
Elle a appelé à mettre en place une coordination entre la PCH et les pharmaciens hospitaliers, avoir une structure de veille et se doter d’un stock de sécurité.
Concernant les anticancéreux, l’intervenante a estimé qu’il ne faut pas multiplier les fournisseurs, précisant que la PCH doit faire des commandes pluriannuelles.
« La production nationale doit être fiable et assurer aux patients les médicaments qu’ il faut produire en quantité suffisante comme pour le cas des antiinfectieux », a-t-elle ajouté.

Le Pr Nabil Borsali, président de la Société algérienne de pharmacie clinique et oncologique, a indiqué, que le facteur humain est important dans l’application des mesures visant à lutter contre les pénuries et assurer la disponibilité des médicaments au niveau des établissements de santé.
Il a souligné l’importance de la numérisation, appelant à mettre en place un système d’information bien pensé, harmonisé et uniformisé pour informer les établissements de santé en temps réel et pallier les ruptures et réguler la disponibilité des médicaments.
Il propose aussi de « recourir aux pharmaciens hospitaliers, exerçant dans les établissements de santé, pour optimiser l’usage des médicaments, à trouver des alternatives en coordination avec les médecins, lorsqu’il y a des pénuries et pour une utilisation rationnelle et efficace des médicaments ».
L’intervenant a plaidé également pour la reconnaissance de la pharmacie en tant que service médical hospitalier dans les CHU. Il a appelé enfin à valoriser les compétences et impliquer les pharmaciens hospitaliers dans la prise en charge du problème des pénuries.

Le président du Conseil national de l’ordre des pharmaciens (CNOP), le Dr Noureddine Mettioui, appuie les directives du président de la République, affirmant que plusieurs facteurs sont derrières les ruptures de médicaments en Algérie dont « la demande qui est de plus en plus accrue en plus des perturbations dans l’acquisition des matières premières ».
Il a précisé que la lutte contre les pénuries nécessite l’implication de tous et d’aller vers la substitution d’un médicament qui est en rupture et le remplacer par une autre molécule.
Il a affirmé que l’Algérie doit compter sur son tissu industriel pharmaceutique et d’avoir des usines de production de molécules d’oncologie et de prévoir des stocks tout en appelant à la réactivation de l’observatoire de veille.
« Le CNOP plaide pour la prévision des stocks, mettre en place une politique de médicaments de production nationale et élaborer des schémas thérapeutiques », ajoute Dr Mettioui.
Il a appelé aussi à mettre à jour la liste des médicaments essentiels et travailler sur la base d’une politique prévisionnelle.
K.Y