« Les réseaux sociaux et la santé : Entretien avec le Dr Bounekta sur l’impact des contenus médicaux en ligne »
Dans cet entretien, le Dr Bounekta a parlé de l’apport des réseaux sociaux dans la diffusion des contenus fiables sur la santé, le danger des fausses informations sur la santé des citoyens et comment les internautes doivent chercher des informations crédibles sur internet. Il a indiqué aussi que les vidéos de professionnels de santé de substituent pas à l’avis des médecins mais elles jouent un rôle de complémentarité.
Comment avez-vous commencé à diffuser du contenu dédié à la santé sur les réseaux sociaux ?
Après avoir fait une présentation dans un village à Toudja, dans la wilaya de Béjaïa, au début de l’année 2018, le docteur Hadjout qui anime une émission sur la santé à Radio Soummam, m’a invité à participer à cette émission. Ensuite, j’ai posté sur mon compte Facebook une vidéo en kabyle sur la médecine. Cette vidéo a été saluée par mes amis et cela m’a encouragé à me lancer dans la diffusion des contenus dédiés à la santé.
J’ai crée une page Facebook dans laquelle j’ai postulé ma première vidéo en octobre 2018 dans laquelle j’ai parlé du sujet de la thyroïde ; elle a enregistré rapidement 100 000 vues.
Quelle est la contribution qu’apportent les réseaux sociaux pour l’Algérien en général et pour le patient en particulier ?
Les internautes peuvent être informés grâce à mes vidéos et celles de mes collègues sur le domaine médical en bénéficiant d’informations fiables et évitant de s’exposer à des fausses informations diffusées par des personnes qui n’ont rien avec la médecine ou n’ont pas fait d’études dans ce domaine. Je dirais aussi que l’impact de mes contenus est très important car nous orientons les patients, victimes de fausses informations, vers la bonne source.
Il faut savoir que des fausses informations et des publicités mensongères pullulent sur les réseaux sociaux et sont même sponsorisées. Il est de mon devoir de faire face à ce phénomène sachant que la diffusion de vidéos sur la médecine se fait partout dans le monde et nous ne devons pas rester à part de cette situation. Par rapport au contenu partagé par des médecins des pays arabes et étrangers, les Algériens comprennent plus facilement mes vidéos car j’utilise le langage algérien et je n’ai jamais reçu de remarques de personnes sur une supposée information fausse que j’aurai publiée.
J’insiste sur le fait que nous ne pouvons pas substituer au diagnostic du médecin mais nous donnons des informations complémentaires simplifiées avec une source fiable et scientifique.
Quel est le message que vous adressez aux personnes qui diffusent des fausses informations ?
Je dirais que la loi algérienne est claire en ce qui concerne la diffusion de fausses informations. Elle punit l’auteur de ce délit ou celui lié à la diffusion de publicités mensongères qui peuvent induire en erreur le public. Nous leur disons en tant que spécialistes en santé qu’ils doivent arrêter la diffusion de fausses informations et de publicités mensongères car elles constituent un danger sur la santé des patients. Des gens ont perdu la vie et d’autres leur fertilité et des femmes ont subi des brûlures sur leurs visages en appliquant des « méthodes de soins » diffusées sur les réseaux sociaux par des influenceurs.
Un conseil pour les patients…
Je leur dis que la santé est très importante et ils doivent savoir d’où il faut ramener l’information médicale fiable et bien choisir le médicament qu’il faut consommer. Ils ne doivent pas arrêter d’aller vers leur médecin traitant et doivent continuer à utiliser les médicaments qui ont été prescrits.
Quel est votre point de vue sur les influenceurs et les herboristes qui s’invitent dans le secteur médical ?
Il existe beaucoup de personnes qui créent des pages sur Facebook et partagent des conseils erronés sur, entre autres, le diabète et la perte de poids. Ils vendent ainsi de l’illusion aux patients qui cherchent à guérir de leur maladie, ce qui constitue un danger sur leur santé. Ces conseils erronés ont conduit à des catastrophes comme des malformations sur le visage, des hospitalisations pour les diabétiques, dérèglement des hormones…etc. Il ne faut pas laisser ces personnes jouer avec votre santé.
Je dois souligner que les plantes médicinales sont bénéfiques pour le patient et c’est le cas pour les compléments alimentaires prescrits par le médecin. Mais, il existe beaucoup de compléments alimentaires dont nous ne connaissons pas leur composition et sont consommés d’une manière anarchique sans respecter le dosage, ce qui conduit à une mort par intoxication médicamenteuse. Avant d’acheter un complément alimentaire, il faut avoir l’avis du pharmacien. Concernant les plantes médicinales, il faut que le patient consulte l’avis de son médecin pour éviter de mélanger avec les médicaments.
Il faut savoir que les plantes médicinales disposent d’un principe actif et leur consommation avec des médicaments peut générer une interaction dans l’organisme humain.