L’obésité maternelle et le risque de mort inattendue du nourrisson : une alerte pour la santé materno-infantile en Algérie

Un lien inquiétant entre l’obésité maternelle et la mort inattendue du nourrisson (MIN) a été récemment mis en lumière par une grande étude américaine publiée dans le JAMA Pediatrics. Cette étude, menée sur près de 19 millions de naissances entre 2015 et 2019, révèle que l’obésité maternelle constitue un facteur de risque indépendant et significatif pour la MIN. Alors que cette problématique attire l’attention aux États-Unis et en France, elle pourrait également représenter un enjeu majeur pour l’Algérie, où l’obésité prend des proportions préoccupantes parmi la population féminine.
Par : Mohamed Tahar Aissani
Une situation mondiale, des implications pour l’Algérie
Bien que l’Algérie ne dispose pas encore d’une étude de cette ampleur, il est important d’envisager les implications de ces résultats pour notre pays. En effet, l’obésité féminine est en nette progression, notamment chez les femmes en âge de procréer.
Plusieurs facteurs socio-économiques, alimentaires, et culturels contribuent à cette tendance, dont la sédentarité accrue et la consommation d’aliments riches en calories.
L’étude américaine souligne que l’obésité maternelle est associée à une augmentation du risque de mort inattendue du nourrisson, avec un risque proportionnel au niveau d’obésité : de 10 % plus élevé pour les mères modérément obèses à près de 40 % pour celles souffrant d’obésité massive (IMC ≥ 40).
Ce constat appelle à une vigilance accrue pour la santé maternelle en Algérie, où les autorités sanitaires devraient rapidement considérer l’obésité comme un facteur de risque pour la MIN.
L’obésité maternelle en Algérie : un enjeu de santé publique
En Algérie, comme dans beaucoup de pays, les campagnes de prévention contre les maladies chroniques liées à l’obésité se multiplient. Cependant, la relation entre l’obésité maternelle et la santé néonatale reste peu explorée.
Cette nouvelle donnée devrait inciter les responsables de la santé publique à intégrer ce facteur dans les politiques de prévention prénatale.
L’importance de la sensibilisation des futures mères à l’obésité et ses conséquences doit être renforcée, en particulier dans les régions rurales où l’accès aux soins prénataux de qualité reste limité. Il est impératif de promouvoir un suivi rigoureux de l’IMC chez les femmes enceintes et d’encourager des programmes éducatifs sur l’importance d’une alimentation équilibrée et d’une activité physique régulière.
Un cadre pour l’action préventive
Les résultats de l’étude suggèrent également des mécanismes potentiels expliquant ce lien entre l’obésité maternelle et la MIN, comme les troubles respiratoires de la mère obèse pendant la grossesse, ou encore la pratique du co-dodo, plus fréquente chez les familles à faible niveau socio-économique.
En Algérie, ces pratiques pourraient aussi être influencées par des facteurs culturels et économiques, et nécessitent donc une attention particulière des professionnels de santé.
L’implication des obstétriciens, pédiatres, et médecins généralistes est essentielle pour mettre en place une prise en charge plus globale des futures mères obèses.
Les campagnes de sensibilisation devraient cibler à la fois les professionnels de santé et le grand public pour mieux comprendre les risques associés à l’obésité pendant la grossesse.
Conclusion : Une responsabilité collective
Il est crucial de prendre en compte ces résultats alarmants pour envisager des mesures préventives en Algérie. Le combat contre l’obésité maternelle ne doit pas être isolé, mais bien intégré dans une approche globale de la santé publique materno-infantile.
Une meilleure prise en charge des futures mères obèses pourrait considérablement réduire le risque de MIN dans notre pays, en permettant à chaque nouveau-né de bénéficier d’un départ dans la vie le plus sain possible.
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