Sécurité des patients en Algérie : Vers une approche plus intégrée pour une meilleure prise en charge

Par Mohamed Tahar Aissani
Introduction
La sécurité des patients est un enjeu mondial, célébré chaque année lors de la Journée mondiale de la sécurité des patients, qui a lieu le 17 septembre. En 2024, cette journée met l’accent sur un aspect fondamental du soin médical : l’importance d’un diagnostic précis et rapide pour garantir la sécurité des patients et améliorer les résultats en matière de santé.
En Algérie, ce défi s’impose également avec force, notamment en raison des récents incidents ayant mis en lumière des lacunes dans la gestion des vulnérabilités psychologiques des patients, comme le tragique suicide d’un patient à l’hôpital de Skikda.
Les défis de la sécurité des patients : un enjeu global avec des implications locales
Ces dernières années, les professionnels de la santé, à travers le monde, ont été confrontés à des défis sans précédent. La surcharge de travail, l’épuisement des équipes médicales et l’évolution rapide des informations cliniques ont mis à nu les écarts entre la connaissance et la pratique médicale.
Ces écarts augmentent le risque de soins dangereux, une réalité qui n’épargne pas les structures hospitalières en Algérie. Dans ce contexte, l’amélioration des processus de diagnostic apparaît comme une priorité absolue pour assurer la sécurité des patients.
L’initiative du Conseil des Meilleures Pratiques Cliniques (CBPC) d’Elsevier, à l’occasion de la Journée mondiale de la sécurité des patients, vise à promouvoir une collaboration étroite entre les patients, les professionnels de santé et les décideurs afin d’améliorer les pratiques de diagnostic à l’aide de technologies modernes et de la connaissance clinique fondée sur des preuves.
Cette démarche s’inscrit également dans une dynamique internationale visant à atteindre l’objectif de « zéro dommage » dans les soins médicaux, un objectif désormais partagé par de nombreuses régions, y compris le Moyen-Orient.
Renforcer les processus diagnostiques : une priorité pour l’Algérie
En Algérie, les infrastructures hospitalières et les équipes médicales doivent relever plusieurs défis pour améliorer la qualité des soins, notamment en ce qui concerne le diagnostic. L’absence d’outils technologiques avancés, le manque de formation continue des médecins et des infirmiers, ainsi que les charges de travail importantes, constituent autant de barrières à un diagnostic précis et rapide.
À cet égard, l’accent mis sur la pensée critique des infirmiers, comme le souligne Tim Morris, Vice-Président du Conseil de la pratique clinique d’Elsevier, est une piste essentielle pour l’Algérie. Le rôle des infirmiers, au-delà de l’exécution des actes médicaux, est central dans l’identification précoce des signes de détérioration des patients.
En Algérie, cela signifie également investir dans la formation continue des professionnels de santé et l’adoption d’outils diagnostics basés sur les technologies modernes pour faciliter les prises de décision éclairées.
L’enjeu des vulnérabilités psychologiques : une dimension souvent négligée
L’incident tragique de Skikda, où un patient hospitalisé pour une pathologie somatique a mis fin à ses jours, soulève une problématique plus vaste : l’absence de prise en charge adéquate des vulnérabilités psychologiques dans les départements non spécialisés. Cet événement dramatique met en lumière un manque d’intégration des soins psychiatriques dans les services de santé générale.
En Algérie, les soins psychiatriques sont souvent relégués à des unités spécifiques, et les équipes médicales des autres départements sont peu ou mal formées pour détecter et gérer les crises psychologiques.
Il est impératif d’intégrer les professionnels de la santé mentale dans les équipes pluridisciplinaires afin d’assurer une prise en charge holistique des patients, que ce soit pour des pathologies somatiques ou psychiques.
Conclusion
La sécurité des patients en Algérie est un domaine qui nécessite une révision profonde, tant sur le plan technologique que sur celui des pratiques cliniques. L’amélioration des processus de diagnostic et l’intégration des soins psychiatriques dans les services non spécialisés sont des priorités pour prévenir des incidents tragiques.
En s’inspirant des initiatives internationales comme celles d’Elsevier, l’Algérie peut renforcer ses efforts pour offrir des soins plus sûrs et plus efficaces à tous les patients, tout en prenant en compte leurs vulnérabilités physiques et psychologiques.
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