Urgence de l’action contre la maladie d’Alzheimer en Algérie : Un appel aux autorités publiques

Par Mohamed Tahar Aissani
La Journée Mondiale de la Maladie d’Alzheimer met en lumière une crise silencieuse qui touche de plus en plus de familles en Algérie. En effet, la population vieillit rapidement, et avec cela, le nombre de cas de démence, en particulier la maladie d’Alzheimer, ne cesse d’augmenter. Plus de 200 000 Algériens souffrent aujourd’hui de cette maladie neurodégénérative, un chiffre qui devrait interpeller les autorités sanitaires du pays. Alors que le monde fait face à près de 10 millions de nouveaux cas chaque année, l’Algérie doit réagir sans tarder pour offrir un soutien adapté à ses citoyens.
Des Unités Spécialisées : Une Nécessité Non Négociable
Actuellement, seule l’unité Alzheimer du CHU de Blida, dirigée par le Pr. Souhila Amalou, se consacre entièrement à la prise en charge de ces malades en Algérie. Cependant, avec un nombre croissant de patients, cette structure unique ne suffit plus à répondre à la demande. Il est impératif de décentraliser et d’ouvrir des unités similaires dans chaque wilaya, en particulier dans les grandes villes comme Oran, Annaba et Constantine, où les familles sont souvent livrées à elles-mêmes.
L’établissement de centres d’accueil de jour pourrait non seulement retarder la perte d’autonomie des patients, mais aussi soulager les aidants familiaux. Ces derniers, souvent épuisés psychologiquement et financièrement, se retrouvent à porter un fardeau immense sans aucun soutien concret de la part des autorités.
Un Diagnostic Précoce pour Améliorer la Qualité de Vie
Le retard dans le diagnostic de la maladie d’Alzheimer constitue un obstacle majeur à une prise en charge efficace. En Algérie, près de la moitié des patients ne consultent qu’après plusieurs années de symptômes, limitant ainsi l’impact des traitements disponibles. Les campagnes de sensibilisation doivent être intensifiées pour alerter la population sur les premiers signes de la maladie : perte de mémoire, désorientation et difficulté à accomplir des tâches simples.
Il est également crucial de promouvoir une prévention active. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) rappelle que certains facteurs de risque comme l’hypertension, le diabète et l’obésité augmentent les risques de développer une démence. Une alimentation équilibrée, riche en oméga-3, combinée à une activité physique régulière, pourrait jouer un rôle clé dans la prévention de la maladie.
Soutenir les Aidants : Un Défi Ignoré par les Politiques Publiques
Les aidants familiaux, ces héros de l’ombre, ne reçoivent ni reconnaissance ni soutien en Algérie. Ce sont eux qui, jour après jour, gèrent les malades d’Alzheimer à domicile, souvent au détriment de leur propre santé. Mme Dalila Abdelli, présidente de l’Association nationale Alzheimer, appelle à une reconnaissance légale du statut des aidants familiaux, une demande qui reste jusqu’à présent lettre morte.
La création de centres d’accueil de jour et l’allocation de subventions aux familles pourraient alléger ce fardeau. Il est urgent que les autorités reconnaissent le rôle vital que jouent ces aidants dans la gestion de cette maladie, non seulement pour le bien-être des malades, mais aussi pour celui de la société dans son ensemble.
Un Appel à une réponse publique et concertée
La maladie d’Alzheimer, à l’instar de la démence, ne se limite pas à une question de santé individuelle ; elle affecte profondément les familles, les aidants et la société. L’OMS rappelle que la démence est désormais la septième cause de décès dans le monde et l’une des principales causes de handicap et de dépendance parmi les personnes âgées. Pourtant, en Algérie, la prise en charge reste insuffisante et les investissements dans des infrastructures adaptées sont quasiment absents.
L’heure est venue pour l’Algérie de prendre des mesures décisives : multiplication des unités spécialisées, soutien financier aux familles et reconnaissance légale des aidants. Chaque jour sans action renforce la souffrance des malades et de leurs proches. Il est temps d’agir pour offrir un avenir plus digne à ceux qui souffrent de cette terrible maladie.
Le défi que représente la maladie d’Alzheimer pour l’Algérie est immense, mais il n’est pas insurmontable. À travers des actions concrètes et une véritable mobilisation des autorités publiques, le pays peut faire face à cette crise croissante et offrir un avenir plus humain à ses citoyens. En cette Journée Mondiale de la Maladie d’Alzheimer, il est temps de faire de la prise en charge de cette maladie une priorité nationale.