Lutte anti-cancer : Recommandations de l’ANPHA sur le financement et le rôle du pharmacien

L’Association nationale des pharmaciens algériens (ANPHA) a publié son rapport national sur la prise en charge des cancers en Algérie, enjeux de financement et rôle du pharmacien.
Ce rapport a été élaboré sur la base des différentes activités et rencontres organisées au cours des deux dernières années regroupant tous les acteurs concernés par la prise en charge du cancéreux.
Il vise « l’optimisation du parcours de soins des patients atteints des maladies cancéreuses en Algérie » et « s’adresse à tous les professionnels de la santé, les institutions et organisations de santé impliqués dans la prise en charge de ces maladies » précise l’ANPHA.
Ce document détaille les défis de l’optimisation des ressources et l’amélioration des soins, les enjeux de financement des plans et thérapies antis cancéreuses ainsi que des propositions pour le financement des innovations thérapeutiques en Algérie.
L’ANPHA a souligné dans son rapport les enjeux du financement de la prise en charge des patients atteints du cancer à cause notamment de la cherté des traitements et médicaments innovants. La même association souligne l’augmentation rapide des coûts de la prise en charge qui représenterait environ 10 à 15 % du budget de la santé en Algérie.
Les nouveaux traitements plus efficaces mais plus coûteux
L’ANPHA souligne l’absence en Algérie « d’une estimation réelle des coûts de la prise en charge de la maladie cancéreuse prenant en considérations toutes les activités citées précédemment ».
Donnant quelques chiffres sur les dépenses du pays, elle a indiqué que 12 milliards de DA sous forme de crédits de fonctionnement ont été alloués aux Centres Anticancers opérationnels en 2023.
« Les crédits d’investissement inscrits au profit des centres anticancer, au titre des exercices 2021,2022 et 2023 sont de 17,9 milliards de DA », précise le document.
L’ANPHA a précisé dans son rapport que les nouveaux traitements anticancéreux sont plus efficaces, mais ces traitements sont souvent plus coûteux que les traitements traditionnels, « Cette augmentation des coûts a également mis à rude épreuve le financement de la lutte contre le cancer », déplore l’association.
Propositions pour améliorer le financement de la prise en charge
Dans son document, l’ANPHA a proposé quelques mesures visant à améliorer le financement de la prise en charge des cancéreux tel que l’adoption d’une approche stratégique qui inclut la prise en charge de cette pathologie au sein d’un plan global multisectoriel comprend la sensibilisation, le dépistage, le diagnostic précoce avant de donner une prédominance aux budgets des thérapies et d’hospitalisation.
Concernant l’optimisation des coûts, l’ANPHA propose de réduire les insuffisances en matière de régulation et de gestion des services publics avec une implication essentielle de la sécurité sociale et des mutuelles santé dans le financement.
Elle propose aussi d’étudier la faisabilité de passage de la dispensation de quelques anticancers vers l’officine, développer un plan national d’accès aux traitements anticancers en définissant les priorités et le rôle de chaque acteur, nouer des partenariats avec d’autres pays pour des achats groupés négociés et efficients de ces thérapies et réviser le code des procédures des marchés publics avec des adaptation nécessaires aux besoins du secteur de la santé.
Parcours des soins anticancers : Plaidoyer pour une meilleure implication du pharmacien
Dans son rapport, l’ANPHA a appelé à une meilleure implication du pharmacien dans le parcours des soins des personnes touchées par le cancer.
« Le pharmacien de part de sa compétence, de ses qualifications, de sa proximité et son accessibilité peut intervenir sur plusieurs volets parmi lesquels : l’éducation thérapeutique, le dépistage et la prévention, la gestion de la douleur », appuie l’association.
Le rapport liste une série de propositions en vue d’assurer une implication bénéfique et efficace du pharmacien.
Il s’agit de « la réorganisation de la pharmacie hospitalière en donnant importance à cette entité qui doit être indépendante et munie de ressources pour une gestion efficiente et pour protéger les responsabilités pharmaceutiques multiples, par conséquent les actes d’approvisionnement, de détention, de gestion, de préparation et de dispensation des médicaments expérimentaux sont obligatoirement et strictement réservées à l’exercice pharmaceutique ».
L’ANPHA propose aussi de « recourir au pharmacien pour la création du secteur des essais cliniques au sein des pharmacies hospitalières qui est l’un des éléments clés pour le développement de la recherche dans les établissements de santé en Algérie » et « mettre le pharmacien au centre des process de développement du circuit et les projets de numérisation de secteur de la santé… ».
Elle suggère aussi de promouvoir les évaluations pharmaco-économiques des technologies de santé et réadapter des programmes de formation universitaires des pharmaciens en s’orientant plus vers les missions cliniques et les collaborations multi professionnelles.
K. Y.