Pourquoi les séances de psychothérapie ne sont pas remboursées par la sécurité sociale algérienne ?

Par Dr A.Hammou
La psychothérapie, bien que reconnue dans de nombreux pays comme un outil fondamental pour la santé mentale, reste à la marge des préoccupations de remboursement de la sécurité sociale en Algérie. Contrairement à certains dispositifs existants dans le monde, comme « Mon soutien psy » en France, qui permet aux patients d’accéder à des consultations avec un psychologue agréé, pris en charge partiellement par l’Assurance maladie, la situation en Algérie est bien différente.
En France, ce dispositif, lancé en 2022, couvre jusqu’à 12 séances par an, avec un remboursement à 60 %. Il a été conçu pour répondre à une prise de conscience accrue de l’importance de la santé mentale, notamment après les répercussions de la pandémie.
Ce modèle pourrait être une source d’inspiration pour l’Algérie, où la demande pour des soins psychologiques est croissante, mais où les barrières financières persistent.
En Algérie, la psychothérapie n’est actuellement pas couverte par la sécurité sociale. Cela s’explique par plusieurs raisons. Premièrement, le système de santé publique accorde une priorité plus marquée aux soins somatiques, aux maladies chroniques, et aux interventions d’urgence. La santé mentale, bien qu’importante, est souvent perçue comme moins prioritaire, et souffre d’un manque de reconnaissance institutionnelle. Cette situation reflète un manque de sensibilisation et de formation des professionnels de santé à l’importance de la psychothérapie.
Un autre facteur déterminant est le coût. Le remboursement des séances de psychothérapie exigerait une révision budgétaire significative, notamment en ce qui concerne les allocations de la sécurité sociale. Les tarifs de psychothérapie peuvent varier en fonction du praticien, mais en l’absence d’un cadre réglementaire, il n’existe pas de tarif conventionné, ce qui complique davantage l’instauration d’un mécanisme de remboursement.
Au niveau international, des pays comme le Royaume-Uni ou l’Allemagne ont intégré la psychothérapie dans leur couverture santé, démontrant un impact positif sur la santé globale de la population. L’Algérie pourrait tirer des enseignements de ces expériences et envisager des solutions progressives, comme la mise en place d’un annuaire des psychologues agréés et la création d’un tarif conventionné pour les consultations, à l’image de ce qui a été fait en France.
Cependant, pour qu’un tel dispositif voie le jour, il est nécessaire de sensibiliser davantage les décideurs politiques à l’importance de la santé mentale, en particulier dans un contexte post-pandémique où l’anxiété, la dépression et le stress sont de plus en plus fréquents.
Un engagement clair envers la formation de psychologues agréés et la mise en place de dispositifs de soutien accessibles à la population pourrait marquer un tournant dans la prise en charge de la santé mentale en Algérie.
En somme, l’absence de remboursement des séances de psychothérapie par la sécurité sociale en Algérie s’explique par un manque de priorisation de la santé mentale et des contraintes budgétaires. Toutefois, en s’inspirant des initiatives internationales comme « Mon soutien psy » en France, l’Algérie pourrait ouvrir la voie à une meilleure prise en charge psychologique de sa population.
Médecin spécialiste en anatomie et cytologie pathologiques, Formé en médecine de l’environnement. Président de la commission régionale de déontologie médicale de la région de Annaba. Membre de la SON.