Entretien avec le Pr Farid Haddoum : « Le CHU Mustapha a introduit des techniques modernes en néphrologie »

Le service de néphrologie et de transplantation rénale du CHU Mustapha Bacha organise jeudi 12 décembre 2024 une journée de formation médicale continue consacrée aux thérapies extra-rénales.
Dans cet entretien, le professeur de néphrologie et transplantation rénale et chef de service de néphrologie transplantation au CHU Mustapha Bacha, Farid Haddoum, détaille le programme et les thèmes de cette journée.
Pouvez-vous nous donner des détails sur cette journée ?
C’est une journée qui se tiendra à l’hôpital de Mustapha Bacha le jeudi 12 décembre 2024 au niveau de l’amphithéâtre des urgences de Mustapha de 8 heures du matin à 13 heures.
Elle est organisée avec le service de néphrologie transplantation du Pr Haddoum et les autres services du même hôpital, à savoir le service de réanimation, le service de la pharmacie, la sous-direction des produits pharmaceutiques et le service d’hémobiologie et transfusion sanguine du CHU Mustapha.
Cette journée sera marquée par la participation de néphrologues, spécialistes des reins, réanimateurs, spécialistes des soins intensifs et de l’anesthésie et réanimation, la transfusion (l’hémobiologie) et le service de neurologie et la sous-direction des produits pharmaceutiques du CHU Mustapha Bacha.
Quels sont les thèmes qui seront abordés ?
Deux thèmes principaux seront abordés. Le premier thème concerne les techniques innovantes et les techniques hautement spécialisées qui constituent à traiter le sang des malades pour le débarrasser du plasma contaminé qui circule dans le sang du malade et nous devons le remplacer, le jeter ou le donner pour analyse, le remplacer par de l’albumine humaine que le centre de transfusion et la pharmacie vont nous donner ou bien du plasma frais congelé.
L’un des deux thèmes s’appelle plasmaphérèse ou échange plasmatique. C’est une technique qui consiste à chercher le sang du malade comme pour une séance d’hémodialyse.
C’est pour ça qu’on le fait en néphrologie. Ça s’appelle plasmaphérèse ou échange plasmatique. Avec un gros cathéter, nous aspirons le sang du malade. Il passe dans cet appareil de plasmaphérèse.
On enlève le plasma qui est empoisonné, qui est chargé de substances dangereuses. On l’envoie au laboratoire ou bien on le jette et on remplace par de l’albumine ou du plasma frais congelé.
Ça s’appelle donc plasmaphérèse ou échange plasmatique. Et c’est des techniques modernes que nous avons introduites à Mustapha et que l’on a développées au CHU Mustapha et pour lesquelles il y a des dizaines de malades par mois qui en ont bénéficié. C’est des maladies graves comme les maladies neurologiques qui paralysent, des maladies graves en hématologie, c’est des maladies graves en néphrologie, en transplantation d’organes, c’est des maladies graves en médecine interne, en dermatologie.
Le deuxième thème c’est toujours la filtration, l’épuration du sang mais pas du plasma. C’est le sang, c’est le sérum. On débarrasse le malade qui a dans son sérum des substances très dangereuses qui peuvent tuer le malade.
Alors vous allez me dire mais pourquoi les réanimateurs ? On peut le faire en néphrologie, en hémodialyse comme tous les autres malades. La différence c’est que c’est des malades qui sont hospitalisés en soins intensifs soit de chirurgie cardiaque, soit de chirurgie abdominale, soit d’orthopédie, soit d’oncologie, soit de cancérologie digestive, soit d’hématologie. Alors c’est des malades lourds, souvent inconscients, intubés, ventilés très souvent et qui ont surtout des tensions artérielles très basses.
Donc on ne peut pas leur faire une séance d’hémodialyse conventionnelle, ancienne, parce qu’ils ne peuvent pas tolérer, ils ne peuvent pas faire une séance d’hémodialyse à cause des tensions basses. Donc on fait ce qu’on appelle des dialyses veineux-vineuse, on n’utilise que le côté veineux et c’est possible quelle que soit la tension du malade en présence des réanimateurs qui, avec nous les néphrologues, utilisent cette technique pour sauver des vies humaines en réanimation.
Quels sont les publics concernés par cette journée ?
Il s’agit de médecins qui travaillent dans les hôpitaux publics ou privés qui exercent dans les spécialités suivantes : Neurologie, néphrologie, réanimation, anesthésie-réanimation, chirurgie, toutes les chirurgies, médecine interne, hématologie, dermatologie, rhumatologie, pédiatrie.
Les nouvelles techniques en néphrologie nécessitent l’intervention de plusieurs médecins spécialistes ?
On les appelle techniques au carrefour des spécialités, c’est des techniques multidisciplinaires au carrefour des spécialités.
Est-ce qu’il y a possibilité d’élargir ce genre de techniques au niveau national ?
Justement, nous le faisons avec le parrainage de sociétés savantes nationales. Il y a la société d’anesthésie-réanimation qui sera présente avec tous les réanimateurs qui seront invités.
C’est une des premières conférences dans ce domaine. Donc il y aura la société algérienne d’anesthésie-réanimation, soins intensifs et urgences (SAARSIU). Il y aura la société algérienne d’hématologie et de transfusion sanguine (SAHTS), il y aura la société algérienne de neurologie (SAN), la société algérienne de médecine interne (SAMI), et d’autres sociétés savantes qui vont donc parrainer et inviter sur le plan national les différents spécialistes.
Les équipements nécessaires sont-ils disponibles en Algérie ?
Que ce soit les équipements, que ce soit le consommable, ils sont disponibles en Algérie. Et en 2024, nous avons acquis à Mustapha Bacha deux appareils extraordinaires, de très haut niveau, de très grande puissance, qui viendront remplacer des appareils que l’on a depuis 15 ans et qui sont maintenant complètement dépassés.
Donc les nouveaux appareils, il y a un appareil qui est commercialisé par une entreprise algérienne qui est à Oran, qui s’appelle Copo Algérie, et l’appareil s’appelle SWS 5000, et l’autre appareil qui va arriver en 2025, c’est un appareil de la firme mondiale américaine Baxter, c’est, si je peux m’exprimer, une Rolls-Royce, si on compare aux voitures, à des prix très bas, qui a beaucoup de potentiel, qui permet de tout faire avec un seul appareil, et c’est un appareil digital extrêmement sophistiqué qui s’appelle Prismax. Alors le consommable également est enregistré, et d’ailleurs nous utilisons maintenant le SWS 5000, dernière génération, commercialisé par Copo Algérie, et bientôt on utilisera aussi l’appareil Baxter, Prismax, qui est également une référence.
Propos recueillis par K. Y.