La grippe : une menace sous-estimée et l’urgence de la vaccination

Lors de sa communication présentée au Salon Hospitalia Expo (du 19 au 21 décembre), le Professeur Kamel Djenouhat, chef de laboratoire de biologie médicale à l’hôpital de Rouiba, (Alger) a souligné les enjeux cruciaux liés à la grippe et à la vaccination antigrippale.
Dans un contexte marqué par la résurgence de l’hésitation vaccinale, il a alerté sur les dangers posés par le lobby anti-vaccination et rappelé l’importance de sensibiliser la population.
Recul de la couverture vaccinale en Algérie
Le professeur a déploré la baisse inquiétante des taux de vaccination en Algérie, jadis modèle en matière de couverture vaccinale. « Nous sommes passés sous la barre des 70 % pour certains vaccins, un chiffre alarmant face à la menace croissante des maladies infectieuses », a-t-il expliqué. Cette situation, attribuée en partie à la désinformation sur les effets secondaires des vaccins, menace le Programme Élargi de Vaccination (PEV).
La grippe, une infection parfois fatale
L’intervenant a affirmé que, contrairement à la perception courante, la grippe n’est pas une pathologie bénigne, particulièrement pour les populations à risque. Selon les données de l’OMS, en 2023, elle a été responsable d’un milliard d’infections dans le monde, six millions d’hospitalisations et 600 000 décès. « Les personnes âgées de plus de 65 ans et celles atteintes de maladies chroniques sont particulièrement vulnérables », a souligné le professeur, mettant en garde contre les complications graves telles que la pneumonie.
Il a également rappelé que la grippe touche les pays développés avec une intensité similaire. Au Canada, elle cause 3 500 décès annuels, tandis qu’en France, ce chiffre grimpe à 9 000.
La vaccination demeure essentielle
Le vaccin antigrippal reste le moyen le plus efficace de prévenir les formes graves et les décès. Il est particulièrement recommandé pour les populations vulnérables, notamment les enfants de moins de cinq ans, les personnes âgées, les femmes enceintes et les malades chroniques. « Nous n’avons pas le droit de laisser ces personnes attendre une immunisation naturelle, car le risque de complications ou de décès est trop élevé », a insisté le professeur Djenouhat.
Il faut sensibiliser face à la désinformation
Le Professeur a également mis en garde contre les idées reçues qui circulent largement sur les réseaux sociaux et qui sont parfois relayées par des professionnels de santé. « Les accusations liant les vaccins à l’autisme ou à d’autres maladies graves sont scientifiquement infondées », a-t-il affirmé.
Des progrès dans la vaccination
Le vaccin antigrippal a évolué pour inclure quatre types de virus : H1N1, H2N2, Victoria et Yamagata. « Ces avancées scientifiques permettent de mieux couvrir les différents variants en circulation », a expliqué le Pr Djenouhat.
Un appel à la solidarité
Le Professeur Djenouhat a appelé les professionnels de santé, les laboratoires et la société civile à unir leurs efforts pour combattre la désinformation et promouvoir la vaccination. « Face à cette menace mondiale, nous devons travailler ensemble pour protéger les populations les plus fragiles et éviter de nouvelles tragédies sanitaires », a-t-il conclu.
K. Y.