Le Syndrome de Lynch : diagnostic, risques et importance du dépistage

Une communication présentée ce samedi 22 février 2025 lors de la 1er Journée Thématique sur l’Oncogénétique, qui se tient à l’Hôtel Mercure d’Alger, sous le thème « Comprendre, prévenir, guérir », a été consacrée au cancer colorectal héréditaire sans polypose, appelé aussi syndrome de Lynch.
Selon les détails présentés lors de cette communication, le syndrome de Lynch est une prédisposition héréditaire au cancer, principalement colorectal et de l’endomètre, mais impliquant également d’autres types de tumeurs.
Ce syndrome, résultant de mutations dans les gènes de réparation de l’ADN (MLH1, MSH2, MSH6, PMS2), nécessite une identification précoce pour permettre un suivi et une prévention adaptés.
Spectre des cancers associés au syndrome de Lynch
Les patients atteints du syndrome de Lynch présentent un risque accru de plusieurs cancers, notamment :
- Cancer colorectal
- Cancer de l’endomètre
- Cancer de l’ovaire
- Cancer gastrique
- Cancer du pancréas
- Cancer des voies biliaires
- Cancers cutanés et cérébraux
Risque de cancer selon le type de mutation
À l’âge de 70 ans, le risque de développer un cancer varie en fonction du gène muté :
- MLH1 : 46 % pour le cancer colorectal, 34 % pour l’endomètre, 11 % pour l’ovaire, 5 % pour l’estomac.
- MSH2 : 43 % pour le cancer colorectal, 51 % pour l’endomètre, 44 % pour l’ovaire, 9 % pour l’estomac.
- MSH6 : 15 % pour le cancer colorectal, 49 % pour l’endomètre, risque moindre pour l’ovaire.
- PMS2 : 10 % pour le cancer colorectal, 24 % pour l’endomètre.
Cas clinique : Une triple localisation tumorale
Une patiente a été diagnostiquée en 2019 avec un cancer du côlon, de l’endomètre et du rein simultanément. Son historique familial révèle de nombreux cas de cancers digestifs et gynécologiques. L’analyse génétique a confirmé une instabilité microsatellitaire et une mutation des gènes MSH2, MSH6 et MLH1, validant ainsi le diagnostic du syndrome de Lynch. La patiente a reçu un traitement adjuvant et demeure en rémission sous surveillance.
Diagnostic du syndrome de Lynch
Le diagnostic repose sur la recherche d’instabilité microsatellitaire (MSI) et l’immunohistochimie des protéines MLH1, MSH2, MSH6 et PMS2. Deux situations peuvent se présenter :
- Présence d’une MSI avec perte d’expression de MSH2, MSH6 ou PMS2 : Consultation en oncogénétique recommandée.
- Présence d’une MSI avec perte d’expression de MLH1/PMS2 : Recherche d’une mutation BRAF. En l’absence de mutation, une analyse de l’hyperméthylation tumorale du gène MLH1 est nécessaire.
Si ces analyses confirment un syndrome de Lynch, un dépistage précoce est crucial pour la famille.
Prise en charge et recommandations de dépistage
Les recommandations de dépistage chez les porteurs d’une mutation associée au syndrome de Lynch incluent :
- Coloscopie dès 25 ans, tous les deux ans (annuelle en cas d’antécédents familiaux ou lésions détectées).
- Dépistage gynécologique par échographie et biopsie endométriale dès 35 ans, une fois par an.
- Dépistage des cancers urinaires par cytologie urinaire et échographie rénale dès 40 ans.
- Endoscopie digestive dès 25 ans, tous les quatre ans (tous les deux ans si anomalies détectées).
- Vidéo-capsule ou entero-IRM pour les cancers de l’intestin grêle en cas d’antécédents.
- Surveillance dermatologique pour les lésions cutanées suspectes.
Prévention et importance de l’oncogénétique
Outre la surveillance, des mesures préventives sont essentielles :
- Arrêt du tabac.
- Contrôle du poids.
- Consultation génétique pour les membres de la famille.
Un besoin de structuration des consultations génétiques
L’identification des cas index et le dépistage familial sont fondamentaux pour prévenir l’apparition de cancers. Toutefois, les consultations génétiques restent encore peu accessibles dans certains pays. Une collaboration pluridisciplinaire entre oncologues, généticiens et gastroentérologues est nécessaire pour une prise en charge optimale.
Le syndrome de Lynch est une pathologie nécessitant une vigilance constante. Un dépistage précoce et des stratégies de prévention adaptées permettent de réduire le risque de cancers et d’améliorer la qualité de vie des patients et de leurs familles.
K. Y.