L’apport de la biologie moléculaire dans le traitement du cancer colorectal

Le professeur Oukkal, du service d’oncologie médicale, du CHU Béni Messaous (Alger), a présenté une communication essentielle sur l’apport de la biologie moléculaire dans le traitement du cancer colorectal lors de la première Journée Thématique sur l’Oncogénétique, qui s’est tenue le samedi 22 février 2025.
Il a mis en lumière l’importance des mutations somatiques et des biomarqueurs dans la prise en charge personnalisée des patients.
Une médecine de précision
La biologie moléculaire joue un rôle décisif dans l’adaptation des traitements en fonction des caractéristiques génétiques des tumeurs. Cette approche permet de cibler les thérapies en fonction des mutations présentes, optimisant ainsi l’efficacité des traitements et réduisant les effets secondaires inutiles.
Biomarqueurs et génotypage tumoral
Le professeur Oukkal a expliqué que le génotypage tumoral est essentiel pour déterminer quels biomarqueurs rechercher, selon que la maladie est localisée ou métastatique. Parmi les biomarqueurs les plus pertinents figurent :
– Le statut MMR (Mismatch Repair) : Il peut être analysé par immunohistochimie ou biologie moléculaire et joue un rôle crucial dans le pronostic et la réponse à l’immunothérapie.
– Les mutations RAS (K-RAS, N-RAS) : Elles prédisent l’efficacité des anti-EGFR.
– La mutation BRAF V600E : Elle est associée à un pronostic sombre et peut orienter vers un traitement adapté.
– Les mutations HER2, NTRK, RET et CARAS G12C : Elles sont rares mais peuvent être ciblées par des thérapies spécifiques.
Impact de la biopsie liquide
La biopsie liquide constitue une avancée majeure, permettant de détecter l’ADN tumoral circulant (CTDNA) et d’évaluer la nécessité d’une chimiothérapie post-opératoire. Des études telles qu’Australias et Galaxies ont démontré que la présence de CTDNA après chirurgie est associée à un pronostic plus sombre, justifiant un traitement adapté.
Stratégies thérapeutiques en fonction des mutations
Dans les formes localisées, la présence d’une instabilité microsatellitaire (MSI) oriente la décision thérapeutique. Par exemple, un cancer colorectal de stade 2 avec statut MSI peut ne pas bénéficier d’une chimiothérapie.
Dans les formes métastatiques, l’analyse moléculaire guide l’utilisation de différents traitements : Les anti-EGFR pour les tumeurs sans mutation RAS. Les anti-BRAF associés aux anti-EGFR pour les patients présentant une mutation BRAF V600E. L’immunothérapie pour les tumeurs MSI. Les thérapies ciblées pour HER2, RET, et NTRK.
Prévention des effets secondaires
Un autre aspect crucial est la recherche du déficit en DPD (dihydropyrimidine déshydrogénase), enzyme impliquée dans le métabolisme des fluoro-pyrimidines (5FU, capécitabine). Son absence peut entraîner une toxicité grave, voire fatale, justifiant un dépistage systématique avant administration de ces traitements.
Importance de la biologie moléculaire dans le traitement du cancer colorectal
Le professeur Oukkal a insisté sur l’importance de la biologie moléculaire dans le traitement du cancer colorectal. Que ce soit pour décider de l’utilisation de la chimiothérapie dans les formes localisées ou pour guider le choix des thérapies ciblées dans les formes avancées, elle est devenue incontournable. L’avenir repose sur le développement d’approches encore plus personnalisées, permettant d’améliorer la prise en charge et le pronostic des patients atteints de cette maladie.
K. Y.