L’importance des biomarqueurs dans le cancer du poumon non à petites cellules

Le Professeur Esma Kerboua, médecin-chef du service d’oncologie médicale du CPMC, a mis en lumière l’importance cruciale des biomarqueurs dans la prise en charge du cancer du poumon non à petites cellules (CBNPC), lors de la 1ère Journée Thématique sur l’Oncogénétique, qui s’est tenue le samedi 22 février 2025.
Une évolution des traitements basée sur la recherche des biomarqueurs
L’intervenante a affirmé dans sa communication que le cancer du poumon se divise en deux grandes catégories : le cancer à petites cellules et le cancer non à petites cellules, ce dernier représentant près de 85 à 90 % des cas. La survie des patients dépend fortement du stade du diagnostic, avec des taux de survie nettement supérieurs pour les formes précoces. Cependant, les patients atteints de stades métastatiques connaissent une survie à 5 ans inférieure à 3 %.
Ces dernières décennies, la prise en charge du CBNPC a connu des avancées majeures grâce à l’intégration des biomarqueurs dans le diagnostic et le traitement. Parmi les évolutions notables, la classification histopathologique de 2021 a permis de distinguer les tumeurs épidermoïdes et non épidermoïdes, chacune bénéficiant de stratégies thérapeutiques adaptées.
L’apport des tests moléculaires et des thérapies ciblées
Le développement des tests moléculaires a permis d’identifier des mutations actionnables, ouvrant la voie aux thérapies ciblées. Les biomarqueurs les plus fréquemment recherchés incluent la mutation EGFR, le réarrangement ALK, et les altérations ROS1 et KRAS. Ces découvertes ont conduit à l’approbation d’inhibiteurs de tyrosine kinase (TKI), dont le Gefitinib, l’Alectinib et le Crizotinib, améliorant significativement la survie et la qualité de vie des patients.
Par ailleurs, la biopsie liquide s’impose comme une alternative précieuse en cas d’insuffisance de tissu tumoral ou d’échec de l’analyse moléculaire.
Ce test non invasif permet d’identifier les mutations dans l’ADN tumoral circulant et d’adapter rapidement la stratégie thérapeutique.
L’immunothérapie : une avancée majeure
En parallèle des thérapies ciblées, l’immunothérapie a révolutionné la prise en charge du CBNPC. Le biomarqueur PDL1, détecté par immunohistochimie, permet d’identifier les patients susceptibles de répondre aux inhibiteurs de points de contrôle immunitaire, tels que le Pembrolizumab et le Nivolumab.
L’association de l’immunothérapie à la chimiothérapie en première ligne a montré des bénéfices significatifs en termes de survie, même chez les patients dont l’expression de PDL1 est faible. De plus, l’immunothérapie adjuvante, testée dans les stades précoces, offre une perspective prometteuse en réduisant les risques de rechute post-chirurgie.
Vers une médecine personnalisée
L’intégration des biomarqueurs dans la stratégie thérapeutique du CBNPC traduit une avancée vers une médecine personnalisée. Les choix thérapeutiques sont désormais guidés par des analyses génomiques et immunologiques, permettant d’offrir à chaque patient le traitement le plus adapté.
Le Pr Kerboua a souligné que la reconnaissance des biomarqueurs dans le cancer du poumon non à petites cellules a permis d’améliorer significativement la survie des patients et d’élargir les options thérapeutiques.
« L’avenir repose sur une approche combinée des thérapies ciblées, de l’immunothérapie et de nouvelles modalités diagnostiques, avec pour objectif ultime d’optimiser la prise en charge de cette pathologie redoutable », a-t-elle affirmé.
K. Y.